Une tendance lourde pour l’avenir des sports d’hiver est le vieillissement de la population.

Une tendance lourde pour l’avenir des sports d’hiver est le
vieillissement de la population. Il doit s’analyser sous deux angles
différents, aux effets contradictoires, un effet d’âge et un effet de
génération.

 

L’effet
âge

 

Il
est incontestable que le taux de départ aux sports d’hiver décroît avec
l’âge : maximum vers 20 ans (17% des français de cet âge partent
aux sports d’hivers), il atteint à peine 1% à 60 ans. Le manque de condition
physique, les conséquences importants des accidents sur le santé, la
moindre résistance au froid sont les causes évidences de la baisse de
pratique des Seniors. L’augmentation prévue des classes d’âge 50/60
ans et 60 ans et plus entre 1995 et 2015 va mécaniquement entraîner
à la baisse le taux de départ aux sports d’hiver.

 

Toutefois l’augmentation du nombre total de français entre
1995 et 2015 doit pouvoir compenser en partie l’effet âge.

 

Chez certains de nos voisins européens, cet effet est
encore plus accentué : le vieillissement de la population allemande,
qui représente plus des deux tiers de clients des stations autrichiennes,
est un sujet de préoccupation majeure. De même, le faible taux de fécondité
des foyers italiens fragilise les perspectives des sports d’hiver en
Italie.

 

Effet de génération

 

Le deuxième fait incontestable révélé par les études menées
pour la Compagnie des Alpes sur ce sujet : les habitudes de départ
aux sports d’hiver prises jeunes se transmettent au travers des générations.
Plus on a commencé une pratique sportive jeune, plus on a de chances
de la pratiquer longtemps.

 

Alors qu’en 1975, les 40/49 ans, qui avaient appris pour la
plupart à skier à plus de 20 ans, étaient 4,8% à partir aux sports d’hiver,
on anticipe qu’en 2015, comme en 1995, 14% de cette classe d’âge partiront
aux sports d’hiver. Elle aura appris à skier beaucoup plus jeune et
aura conservé ses habitudes.

Cette effet de génération vient donc compenser largement
l’effet démographique. Mais il a des conséquences importantes sur la
nature de la clientèle et donc sur les produits à lui proposer.


En effet, la combinaison des deux effets a comme résultats :

une augmentation du taux de départ aux sports d’hiver des français
qui passeraient de 10,3% en 1995 à plus de 11M en 2015.

Un doublement des plus de 50 ans. Ils représentaient 8% des
clients en 1995, ils devraient en représenter 20% en 2015.

 une pratique moins intense : la consommation de ski augmentera
moins que la fréquentation des stations, les Seniors consomment les
loisirs à leur ryhme.

 

Remèdes : dans ce domaine, comme dans celui des
actions à mettre en place les stations de sports d’hiver devront s’adapter.
Elles ne pourront retenir leurs clients Seniors qu’en leur proposant
des services répondant aux attentes réelles de ces catégories d’âge.
On peut citer brièvement :

 proposer ders hébergements plus grands et mieux équipés. Ce
qui est acceptable quand on a vingt ans et un budget réduit (petites
surfaces, équipement rudimentaire, confort spartiate) ne l’est plus
à 50 ans et plus. La contrainte budgétaire a le plus souvent disparu
et les exigences de qualité de service ont augmenté. La problématique
du logement est particulièrement aiguë en France. Sur un parc de deux
millions de lits touristiques en montagne, une large majorité a plus
de 25 ans, a été occupé intensivement et n’a pas toujours été entretenue
correctement par les propriétaires individuels. Les constructions des
années 60/80 ont des surfaces réduites (18/25 m2) qui ne sont pas adaptés
aux exigences des Seniors. Les stations vont donc être contraintes de
s’attaque sérieusement à ce problème. Un cadre législatif existe aujourd’hui,
qui permet notamment aux collectivités locales d’investir dans la rénovation
du patrimoine privé.

 Améliorer la variété et la qualité des commerces. Dans ce domaine
également de gros progrès sont à réaliser pour fidéliser la clientèle
Senior. L’attention devra être portée sur tous les éléments de confort,
de santé, de prise en charge des tâches pénibles. Un Senior a plus besoin
de se reposer qu’un jeune : le calme, la contemplation, sont des
valeurs montantes. Le restaurant de qualité, même s’il est plus cher,
sera préféré au « snack-pizzéria-tartiflette » dans un sous-sol
enfumé.

 Adapter les domaines skiables. Plus on vieillit, plus on a
peur de l’accident et de ses conséquences. L’attention des exploitants
de domaines skiables se porte aujourd’hui sur la suppression des obstacles
de toute nature pouvant représenter une source de danger pour le skieur.
Dans ce sens, cette préoccupation rejoint celle que vise à lutter contre
les effets de manque de neige. Aujourd’hui un bon entretien des pistes
assureà la fois un ski de qualité et une meilleure sécurité. Des efforts
devront être poursuivis pour proposer aux clients des produits plus
adaptés à leur style de consommation. Une grande partie des Seniors
est de plus en pus réticente à payer un forfait alors que leur consommation
est faible. Une évolution vers un ski à la consommation est inéluctable. 
La bonne vieillie « carte à points » reprendra du service
sous une forme moderne : la carte à puce sans contact, débitée
directement dans la poche. Les tarifs Seniors existantes aujourd’hui,
supposés faibles, ont une fin programmée avec la mise en place de la
carte à points.

 Proposer des nouveaux services. La pratique du ski est le monteur
de la venue d’un client dans une station de sports d’hiver. Mais cette
pratique est en moyenne de quatre à cinq heures par jour. Le reste du
temps libre est occupé par d’autres loisirs, qui devront s’adapter aux
changements des comportements des clients. Moins de bars à bière et
plus de salons de thé ? Moins de disco et plus de casinos ?
Moins de bowling et plus de dinning ?

Au-delà des slogans, il faudra certainement faire preuve
d’imagination pour satisfaire une clientèle très exigeante et moins
prête aux sacrifices qu’il y a vingt ans.

 

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