Vivre au-delà de 105 ans : une réalité plus courante

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Le nombre de centenaires en France connaît une progression spectaculaire, atteignant environ 31 000 personnes en 2024, soit trente fois plus qu’il y a cinquante ans. Cette tendance s’explique par l’amélioration des conditions de vie et des progrès médicaux. Mais combien d’entre eux atteignent 105 ans et plus ? L’analyse des décès à ces âges avancés permet d’en dresser un portrait précis.

L’explosion du nombre de centenaires et supercentenaires

Historiquement, dépasser les 100 ans était extrêmement rare. Cependant, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, la réduction de la mortalité infantile et la meilleure prise en charge des maladies chroniques ont permis une longévité accrue. Alors que seuls 0,02 % des individus nés en 1850 atteignaient 100 ans, cette proportion grimpe à 2 % pour la génération 1920. Selon l’INSEE, le nombre de centenaires pourrait dépasser les 200 000 en 2070.

Parmi les centenaires, une nouvelle catégorie émerge : les 105 ans et plus. En 2023, environ 2 000 Français avaient dépassé cet âge, un effectif équivalent à celui des centenaires en 1981.

Une validation des données nécessaire

À des âges aussi avancés, la validation des données est cruciale pour garantir la fiabilité des statistiques. En France, les chercheurs s’appuient sur le Répertoire National d’Identification des Personnes Physiques (RNIPP) et la base de données internationale sur la longévité (IDL). Ces bases permettent de vérifier l’âge exact des individus en croisant les informations de l’état civil.

Les erreurs restent rares, mais deviennent plus fréquentes après 110 ans : 8 % des cas déclarés à cet âge s’avèrent incorrects après vérification.

Les décès après 105 ans : un phénomène en pleine expansion

Le nombre de décès à 105 ans et plus a explosé en France ces dernières décennies. Alors qu’ils étaient quasi inexistants avant 1980, ils sont passés à plus de 900 décès annuels en 2020. Une baisse temporaire en 2021-2022 s’explique par le creux démographique des générations nées pendant la Première Guerre mondiale.

Un vieillissement majoritairement féminin

Les femmes représentent environ 90 % des décès à ces âges extrêmes. Cette prépondérance s’explique par une mortalité masculine plus élevée tout au long de la vie, notamment en raison des risques cardiovasculaires et de comportements à risque plus fréquents chez les hommes.

Les supercentenaires : un phénomène en augmentation

Les supercentenaires (110 ans et plus) restent rares, mais leur effectif augmente. Aucun décès à cet âge n’était recensé avant 1987, et il a fallu attendre 2007 pour dépasser la dizaine de décès annuels. En 2022, 39 personnes sont décédées à 110 ans ou plus, presque exclusivement des femmes.

Une particularité géographique émerge : la Guadeloupe et la Martinique affichent un taux de supercentenaires huit fois supérieur à celui de la France hexagonale. Plusieurs hypothèses sont avancées : une sélection génétique due à l’histoire de la traite négrière, un environnement favorable, ou encore un effet de peuplement spécifique à ces îles.

Vers un plafond de la longévité humaine ?

L’une des grandes questions démographiques reste de savoir si les risques de décès continuent d’augmenter avec l’âge ou s’ils atteignent un plateau. Actuellement, les chercheurs observent une augmentation exponentielle du risque de mortalité jusqu’à 100 ans, mais les tendances après 105 ans restent incertaines. L’accumulation de données dans les prochaines années permettra d’affiner ces analyses.

Conclusion

Le vieillissement exceptionnel devient une réalité pour un nombre croissant d’individus. Si l’on observe une surreprésentation féminine et des particularités géographiques, le phénomène est global et pose des défis en matière de santé publique et de politiques sociales. La validation rigoureuse des données reste essentielle pour mieux comprendre cette évolution et anticiper les besoins des populations les plus âgées.

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