Silver economy : quels emplois potentiels ?

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Le développement de la « Silver economy », ou économie du vieillissement, est un thème d’actualité économique et sociale comme en témoignent le lancement de la filière industrielle le 24 avril 2013 à Bercy sous l’égide de deux ministres, Madame Delaunay et Monsieur Montebourg, les rapports européens des projets Jade et Technolage.

Par Gérard Cornet

Le colloque prévu à Bercy les 3 et 4 juillet prochain pour la consolidation de la filière présente le sujet comme un des enjeux principaux de la France de demain pour la santé, l’innovation, l’emploi et la création de valeur.

Curieusement, dans un contexte de chômage de masse, les débats de Bercy n’ont abordé que de manière tout à fait incidente les questions sous-jacentes qui se posent pour l’emploi, priorité des français et du gouvernement. Tant pour le présent, qu’à moyen et long terme pour répondre avec efficience aux besoins pour la santé et le soutien à l’autonomie des personnes âgées à risque de fragilité physique économique et sociale, le déploiement de la Silver economy n’a de sens que s’il permet aussi le développement d’emplois pérennes, à valeur ajoutée, avec d’emplois de proximité mieux qualifiés, non délocalisables et porteurs d’avenir non seulement pour les jeunes, mais pour l’ensembles des générations en capacité de travailler .

Ceci implique d’abord de lever les ambigüités du concept anglo-saxon de Silver economy.Les sept groupes de travail réunis sous l’égide de Madame Delaunay ont adopté une vision « comprise dans sa plus large acceptation :elle concerne les personnes âgées les personnes fragiles et les personnes dépendantes… Mais beaucoup largement, la prévention, le bien vieillir, le bien vivre « Ce concept englobe à la fois le champ du senior marketing, ou approche marchande de la consommation des aînés, encore en forme et à fort pouvoir d’achat et celui des générations plus âgées exposées de manière croissante, en moyenne avec l’avancée en âge, aux risques de perte d’autonomie résultant à la fois de maladies chroniques invalidantes, de diminution des capacités fonctionnelles et d’isolement social . Bien que les frontières soient s floues et évolutives entre c es deux champs,l’approche du développement economique par l’innovation ne vise ni les mêmes demandes potentielles de biens et de services, ni les mêmes réponses de l’offre, ni les mêmes modèles de financements publics et privés ou mixtes -ni les mêmes modèles de distribution, ni les mêmes types d’emploi, d’organisation et de formation professionnelle, ni la même vision de la croissance.

Les dispositifs actuels pour l’emploi et la création d’entreprises sont-ils en ligne avec la nécessité de créer des emplois attractifs et pérennes pour les industries de la filière ? Mis a part le secteur porteur de la santé, butant pour l’emploi sur la politique de maitrise des dépenses, deux secteurs, celui services à la personne et celui de l’adaptation de l’habitat, sont pris a titre d’exemple en raison de leur importance comme gisement d’emplois potentiels et leur excellent ratio cout/création d’emplois direct ou indirect escompté pour un million d’euro investi(cf étude du Cabinet Relance, 2009 ratio 34,5 pour la veille sociale, 25 pour l’accompagnement logement-source DGAS et 18,2 pour la les travaux de rénovation immobilière, source FFB)

Le secteur des services à la personne est présenté, dans le , comme un immense gisement d’emplois potentiels de l’ordre de300 000 à 350000emplois à l’horizon 2020 pour les aides à domicile les aides soignantes et les infirmières . Pourtant l’analyse économique de ce secteur (Dares, avril 2013 N°25) déjà en stagnation globale, tiré vers des emplois précaires bas de gamme à forte rotation, est peu attractif pour les jeunes ; l’investissement formation, difficile à financer dans ce contexte, reste manquant pour technologies innovantes d’aide au soin et à l’autonomie.

Pour les secteurs de l’habitat et du logement, le rapport Broussy souligne à juste titre le potentiel offert les besoins d’aménagement et de création de logements afin de favoriser le maintien de la qualité de la vie des ainés et leur souhait de préserver leur autonomie pour rester vivre à leur domicile : 75000 logements à adapter sur 5ans, 30000 a créer, nouvelles résidences à concevoir et foyers logement à repenser… Un stock de 32 millions de logements, à faible taux de renouvellement annuel présentant énorme un levier potentiel pour l’emploi dans ce secteur si on élargissait le champ de la loi de 2005 sur l’accessibilité à l’adaptabilité, avec une meilleure efficacité et coordination des dispositifs d’aide publique facilitant la prévention et l’accès au financement .

Les dispositifs pour l’emploi et notamment en faveur des 1,9 de jeunes peu qualifiés de 15 à 29 ans, emploi d’avenir ou contrat de génération sont considérés par la récente note du Conseil d’analyse économique(4 avril 2013) comme particulièrement inadaptés à une telle insertion durable dans le secteur privé, l’orientation vers le secteur public et les activités associatives n’ayant pas démontré leur efficacité. Ni l’accompagnement ni la formation longue qualifiante nécessaire ne semble assurées par ces emplois d’avenir. Quant au contrat de génération, la crainte est celui d’un effet d’aubaine favorisant l’emploi de jeunes déjà qualifiés. Les questions posées aux PME du secteur habitat vont dans le même sens : privilégier les contrats de formation insertion, revoir les formation en meilleure concertation avec les entreprises, prévoir l’accompagnement et les formations longues, alléger les contraintes et le cout de la formation.

Cette profonde réforme de la gouvernance pour l’emploi, implique donc celles de la formation initiale, la formation continue et de l’indemnisation du chômage. Elle ne s’impose pas que pour les 1,9 millions de jeunes qui ne sont ni emploi, ni à l’école ni en formation. Elle devrait dans un contexte de destruction d’emplois du aux restructurations des entreprises, réorienter les chômeurs vers les PME, avec des mesures de soutien à la création des entreprises, dont celles de toute la filière industrielle Silver economy, qui attendent des mesures concrètes et un projet de loi ambitieux

 


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