Le Rapport 2009
sur l’état du mal-logement en France diffusé cette semaine
fait état de situations alarmantes de certaines personnes âgées…
Un certain nombre d’indices
recueillis à l’occasion des travaux réalisés pour
les précédents Rapports sur l’état du mallogement,
ou plus récemment, conduisent à s’interroger sur la question
du lien entre vieillissement et mal-logement. Certains constats peuvent effectivement
nous alerter. C’est ainsi que l’on peut pointer le vieillissement
de la population vivant dans le logement social et le poids grandissant des
personnes âgées dans la demande de logement social, l’anticipation
de la baisse des revenus au moment de la cessation du travail qui conduit certains
retraités à faire le choix de vivre en camping dans des caravanes
ou des mobil-homes, la difficile adaptation du logement à la perte d’autonomie,
etc… Autant de manifestations qui soulignent que de nombreuses personnes
âgées ne sont pas des seniors actifs dotés d’un pouvoir
d’achat confortable mais composent une population très vulnérable
particulièrement exposée aux difficultés de logement.
Pour autant, la question
du mal-logement des personnes vieillissantes est rarement évoquée
et n’est pas identifiée comme un problème majeur. Sans doute
parce que les statistiques relatives au revenu moyen des ménages retraités
(il est comparable à celui de l’ensemble de la population) et à
leur statut résidentiel renvoient l’image d’une population
particulièrement privilégiée au regard du logement. Arrivées
au terme d’un parcours souvent marqué par l’accession à
la propriété et la constitution d’un patrimoine, bénéficiant
de logements dont le niveau de confort s’est amélioré ces
dernières décennies, les personnes âgées peuvent
paraître globalement épargnées par les remous de la crise
du logement. Les apparences sont trompeuses et masquent de profondes inégalités.
Appréhender les
personnes âgées comme une population homogène bénéficiant
d’un confort de vie bien supérieur aux jeunes générations,
c’est faire abstraction des inégalités de revenus qui existent
chez les plus de 60 ans, comme au sein des autres tranches d’âge
de la population. C’est oublier qu’aujourd’hui, 600 000 personnes
âgées vivent avec une allocation de solidarité de 628 euros
mensuels1 qui les situe sous le seuil de pauvreté (défini en regard
de la norme européenne à 60 % du revenu médian). C’est
oublier aussi l’épisode de la canicule qui, lors de l’été
2003, avait brutalement placé sous le projecteur des médias l’isolement
profond dont souffraient des milliers de personnes âgées et les
conditions d’habitat inadaptées dans lesquelles elles se trouvaient
confinées.
Appréhender les
personnes âgées comme une population homogène contribue
finalement à masquer la nature du processus de vieillissement qui consolide,
voire aggrave, les inégalités économiques et sociales établies
au cours de la vie et qui a tendance à renforcer les clivages sociaux
ou les situations d’exclusion que connaissaient les personnes avant d’entrer
dans l’âge de la retraite. Il en résulte que l’on n’aborde
pas le temps de la vieillesse avec les mêmes atouts. On ne vieillit pas
de la même manière selon son parcours de vie, selon que l’on
a été sans domicile fixe, ouvrier ou cadre supérieur (le
différentiel de durée de vie de 7 ans entre ces deux dernières
catégories en témoigne). Le logement est alors pour les personnes
vieillissantes, comme il l’est en général, un marqueur d’inégalité.
S’il existe de nombreux travaux concernant l’impact du vieillissement
de la population sur le logement2, nous ne disposons pas, à notre connaissance,
de réflexions globales sur le mal-logement des personnes âgées.
C’est à la mise en évidence de ce phénomène,
de ses manifestations et de ses causes, qu’est consacré ce chapitre
du Rapport sur l’état du mal-logement en France publié à
un moment où la symétrie entre le mouvement d’allongement
de la durée de la vie et celui d’augmentation des ressources des
personnes âgées semble rompue. Si l’allongement de la durée
de la vie est appelé à se poursuivre, il se pourrait bien qu’avec
notamment les mesures adoptées en matière de retraite, le mouvement
de progression des ressources des personnes vieillissantes s’infléchisse
ou même se retourne et qu’une parenthèse se referme.
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sur les personnes âgées