6 seniors actifs sur 10 sont inquiets lorsqu’ils pensent à leur retraite, selon l’étude Audencia – Humanis sur la retraite et la vulnérabilité des séniors. Pour 88%, la question financière est la première crainte devant les problèmes de santé, la dépendance et la disparition de leur « utilité sociale ».
Alors que la consultation en ligne sur la réforme des retraites vient d’être lancée par le gouvernement, comment les 50 ans et plus voient-ils leur départ à la retraite ? L’étude Humanis – Audencia sur la retraite et la vulnérabilité financière des séniors, met en lumière la perception paradoxale des Français.
Le paradoxe de la retraite : entre image d’Epinal et inquiétude
La perception de la retraite est marquée par deux tendances contradictoires. Cette période de la vie continue d’avoir l’image favorable d’une vie quotidienne agréable et attendue. La retraite est ainsi associée à des termes très positifs par les séniors interrogés dans l’étude : le repos, la liberté, les loisirs et le voyage. Qu’ils soient en emploi (51%) ou déjà à la retraite (52%), les 50 ans et plus jugent majoritairement que préparer la retraite c’est avant tout de « faire en sorte d’y arriver en bonne santé et de le rester le plus longtemps possible ».
Mais dans le même temps, 62% des séniors avouent penser à la retraite avec inquiétude. Cette inquiétude est davantage présente chez les populations les plus fragiles sur le marché de l’emploi et disposant des revenus plus faibles (femmes : 66% / employés et ouvriers : 65%).
Dans l’ensemble, 80% des séniors actifs estiment que leur niveau de vie va se détériorer une fois à la retraite. Et 88% déclarent avoir peur des difficultés financières, loin devant les problèmes de santé (56%), la dépendance (16%) et l’inutilité sociale (15%).
Les idées reçues et le déficit d’information sur la retraite
L’inquiétude des plus de 50 ans sur leur situation financière, après l’arrêt de leur activité professionnelle, s’explique en partie par la persistance d’idées reçues sur le niveau et la répartition de leurs futures dépenses.
La perception par les séniors actifs du poids des postes de dépenses à la retraite ne correspond pas à la réalité vécue par les retraités. Les séniors actifs sous-estiment les frais liés au soutien financier d’un tiers (parents âgés, enfants…) et le poids des produits d’assurance. Parallèlement, ils craignent d’avoir à dépenser près de la moitié de leur budget dans des frais de santé (48%) alors que ce poste ne concerne que 35% du budget santé réel des retraités.
De façon assez lucide, 57% des séniors actifs jugent être mal informés, notamment à cause des difficultés à évaluer leurs futurs revenus. Ils souhaitent en priorité davantage d’informations sur l’évaluation de l’ensemble de leurs ressources une fois qu’ils seront en retraite (63%), l’estimation de leurs droits au titre des régimes obligatoires (59%), et les niveaux de prise en charge de leurs frais de santé (47%).
Ils ne sont que 24% à connaître précisément le montant de leur retraite. La difficulté à évaluer leur future pension est d’ailleurs le deuxième motif d’inquiétude cité par les séniors actifs ayant déclaré avoir « peur de rencontrer des difficultés financières » (88%) pendant leur retraite.
Et ceux qui sont déjà à la retraite sont 35% à estimer qu’ils auraient dû « mieux anticiper » car ils n’ont pas vu le temps passer. Ils sont 33% à déclarer qu’ils auraient dû « commencer à épargner plus tôt ».
Les femmes plus vulnérables face à la retraite
En raison des inégalités de salaire et de carrière, 66% des femmes sont inquiètes lorsqu’elles envisagent la retraite, contre 60% d’hommes. Davantage touchées par les emplois précaires (80% des temps partiels et 78% des emplois non-qualifiés), et victimes des inégalités salariales, elles en subissent les conséquences directes lors du passage à la retraite.
Probablement à cause de leurs différences de revenus, seules 60% des femmes actives sondées ont commencé à préparer leur retraite, contre 72% des hommes.
Et une fois ce moment venu, les inégalités hommes-femmes persistent : les femmes ne perçoivent que 55% de leurs revenus d’activité, contre 79% pour les hommes (étude DREES édition 2017).
La moitié des séniors envisage de continuer à travailler
Pour maintenir leur niveau de vie, deux solutions sont surtout privilégiées par les séniors interrogés dans l’étude. Le recours à l’épargne financière individuelle est cité par 47% d’entre eux. Mais de manière quasi équivalente, ils citent à 46% la poursuite d’une activité rémunérée.
Les autres solutions liées à un investissement immobilier arrivent loin derrière, à savoir l’acquisition de la résidence principale (25%) et celle d’un bien destiné à la location (18%).
24% des retraités ont des difficultés à se soigner
Les difficultés financières n’épargnent pas les retraités. Le montant moyen de la pension de retraite, de 1493 euros nets par mois, cache en effet des situations très contrastées. Selon l’étude Audencia – Humanis, près de 2 retraités sur 3 estiment que leur niveau de vie s’est détérioré (63%) depuis qu’ils ne sont plus en activité. Et ils sont 3 sur 10 à avouer rencontrer des difficultés pour payer leurs dépenses courantes :
- 24% ont régulièrement du mal à payer certains actes médicaux, suivis par les impôts (22%) et la mutuelle santé (22%), 21% pour le logement, et 19% pour l’alimentation.
- ils sont 44% à avoir recours à leur découvert autorisé, ou à l’emprunt bancaire (38%) pour y faire face. Ce qui ne fait qu’aggraver leur surendettement.
Selon l’étude annuelle de la banque de France, 9,9% des personnes en situation de surendettement en 2017 étaient âgés de 65 ans et plus et 16,2% entre 55 et 64 ans.
Finalement, seuls 10% des retraités déclarent n’avoir jamais ou rarement eu des difficultés pour payer leurs dépenses courantes.
Dépendance : les aidants financièrement plus fragiles
Le fait d’être aidant, c’est-à-dire d’apporter une aide bénévole et régulière à un proche en situation de perte d’autonomie, est un facteur de vulnérabilité financière. Les retraités-aidants (près d’un quart des répondants de l’étude Audencia – Humanis) sont 62% à estimer avoir des difficultés financières pour faire face aux besoins de la vie quotidienne une fois leurs charges fixes réglées.
Et les seniors actifs-aidants (28% des répondants de l’étude Audencia – Humanis) sont 30% à déclarer rencontrer régulièrement des problèmes pour payer certains actes médicaux ou leurs impôts.
D’une manière générale, la perspective de la dépendance est un sujet qui inquiète les 50 ans et plus, soit pour eux-mêmes, soit pour leurs proches. Ainsi, 16% des seniors actifs évoquent la peur de la dépendance lorsqu’ils pensent à leur retraite et 38% se disent intéressés par un accompagnement individuel sur les questions de dépendance.
« Audencia effectue des études sur la vulnérabilité financière depuis quatre ans et depuis un an sur la situation des séniors, en particulier autour de la perception du départ à la retraite. C’est en effet un moment qui engendre chez les futurs retraités des questions et des craintes légitimes. Nos recherches, utiles et opérationnelles, ont pour objectif de faire le lien entre les besoins des individus, la société et les activités sociales d’acteurs comme le groupe Humanis, pour créer de la valeur et agir positivement sur notre environnement. », déclare Nils Poussielgues, responsable du programme de recherche comportements et vulnérabilité financière d’Audencia Business School.
« Cette étude Audencia – Humanis et le programme de recherche engagé nous permet de mieux connaître les besoins des seniors. Pour répondre à leurs inquiétudes, nous adaptons nos formations de préparation à la retraite. Nous concevons des services de prévention et d’information afin de leur permettre de rester en bonne santé, de mieux gérer leur budget ou d’être aidé quand c’est nécessaire. En tant que spécialiste de l’accompagnement social, Humanis met toute sa capacité d’innovation en œuvre pour aider les séniors et les retraités à surmonter leurs fragilités et faire face à leur vulnérabilité financière, lors de ce tournant de la vie que représente le passage à la retraite », déclare Isabelle Blaevoet, directrice de l’innovation sociale d’Humanis.