Les Canadiens se sentent sept ans plus jeunes que leur âge réel

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Une fontaine de jouvence, un magnifique phénomène de société, une vitalité formidable. Les gens au pays font preuve d’une remarquable envie de vivre!

En moyenne, les Canadiens disent se sentir sept ans plus jeunes que leur âge réel. Notons que sur cet indicateur, nous n’observons aucune différence significative d’un océan à l’autre, ni sur le plan linguistique.

Nous mesurons ce phénomène de façon fort simple. Après avoir demandé l’âge des répondants dans un sondage, nous leur demandons quel âge « ils se sentent » avoir. On soustrait par la suite l’âge réel de l’âge ressenti des gens. Si le résultat de cette soustraction est positif, cela indique que les gens se sentent plus vieux que leur âge réel (ce qui est le cas des plus jeunes dans la société); s’il est négatif, cela indique que les gens se sentent plus jeunes que leur âge. Ainsi, en moyenne en 2017, dans l’ensemble de la population canadienne âgée de 18 ans et plus, on mesure -6,96 ans (-7). Les gens se sentent donc plus jeunes, comme nous le disions plus tôt.

Plus on est âgé, plus on se sent plus jeune que son âge!

Si en moyenne les gens se sentent sept ans plus jeunes que leur âge réel, plus ils sont âgés, plus cette différence augmente (le résultat de la soustraction décrite plus haut)…

• Entre 18 et 24 ans, on se sent 2 ans plus vieux que son âge (on veut devenir quelqu’un à part entière dans la société);
• Entre 25 et 34 ans, on se sent 1 an plus jeune, mais en moyenne à 27 ans, on se sent de son âge;
• Entre 35 et 44 ans, on se sent 5 ans plus jeune;
• On se sent 8 ans plus jeune entre 45 et 54 ans;
• Plus jeune de 11 ans entre 55 et 64 ans;
• Et de 14 ans chez les 65 ans et plus!

Un refus de vieillir. Une volonté de plus en plus marquée de rester en pleine possession de ses moyens, malgré le vieillissement.

Une vitalité qui augmente avec les années

Par ailleurs, cette impression de vitalité ne cesse d’augmenter chez les gens avec les années. Nous avions fait un tel exercice dans les années 2000 et les différences entre l’âge ressenti et l’âge réel étaient moindres.

En effet, si en moyenne on se sent 7 ans plus jeune en 2017, cette différence était de 5,6 ans en 2006. Notre vitalité augmente!

Notons que l’on pourrait être tenté de croire que l’augmentation de cette différence ne pourrait qu’être le fruit du vieillissement de la population; ce qui n’est pas entièrement le cas (même si un peu quand même). On observe clairement que les nouvelles générations de gens âgés d’aujourd’hui expriment plus de vitalité  que celles d’il y a dix ans! À titre d’exemple, la différence entre l’âge ressenti et l’âge réel chez les 65 ans et plus en 2017 est de 14 ans, alors qu’elle était de 10 ans en 2006 : quatre années de gagnées en vitalité!

On assiste donc à un phénomène de société unique, une croissante frénésie de vivre. Le graphique qui suit est très éloquent à cet égard.

Un besoin d’emprise sur sa vie, de connexion et d’engagement

Normalement dans cette chronique, j’essaie d’expliquer les phénomènes analysés par les valeurs et cordes sensibles des gens. Cet exercice doit être fait avec nuance ici, compte tenu de la forte corrélation entre l’âge réel et l’âge ressenti. À titre d’exemple, 63 % des gens qui se sentent 10 ans plus jeunes que leur âge ont 55 ans et plus (contre 38 % dans l’ensemble de la population).

Mais quand même, plus les gens se sentent plus jeunes que leur âge, plus ils laissent observer des valeurs et cordes sensibles qui sont sociologiquement significatives pour illustrer le contexte socioculturel de cette vitalité.

Plus on est « jeune de cœur », plus on exprime une conscience aiguë de l’incertitude et de la frénésie des changements qui « s’abattent » sur le monde d’aujourd’hui. À titre d’exemple, ceux qui se sentent les plus jeunes manifestent une certaine circonspection face au changement, à l’incertitude de la vie actuelle ainsi qu’aux risques de l’époque. Mais malgré tout, même en percevant la vie actuelle comme un tourbillon continuel de changements, ils ne s’y sentent pas dépassés. Ils se sentent en contrôle de leur vie et de leur destinée. Ils se sentent avoir l’emprise nécessaire sur la vie pour être en mesure de s’y épanouir. Comme si une certaine dose de stress dans leur vie quotidienne stimulait, nourrissait leur vitalité.

Et c’est ce qui a changé en dix ans (de 2006 à 2017, années de mesure de cette vitalité), la vie est devenue plus complexe, plus incertaine. Le rythme du changement s’accélère.

Cette capacité de rester en contrôle face aux exigences de la vie actuelle explique aussi pourquoi chez les gens qui ont les revenus les plus faibles, on se sent particulièrement plus vieux que son âge. Le stress, financier notamment, devient contreproducti

Soulignons aussi que chez ces plus « jeunes de cœur », on observe un fort sentiment de connexion avec la nature, la vie, la société, ainsi qu’avec les autres autour d’eux. Ils expriment un fort engagement éthique, social et écologique, une volonté de faire leur part face aux défis de l’époque. Un engagement qui semble nourrir leur vitalité!

Une société qui vieillit bien!

Cette vitalité s’inscrit quand même dans un contexte médical, alimentaire et de saines habitudes de vie qui a fait des progrès remarquables au cours des années, ce qui explique aussi ces résultats. Les gens sont plus conscients des conditions nécessaires pour vieillir en santé et ils se responsabilisent pour y arriver. Tous ces facteurs semblent se conjuguer pour conditionner peut-être le vieillissement le plus harmonieux de l’histoire de l’humanité (vieillir au Moyen Âge, pour la plupart des gens, ne devait pas être particulièrement harmonieux)! Et l’engagement social de nos « jeunes de cœur » d’aujourd’hui pourrait s’avérer contagieux dans un contexte de vieillissement de la population.

Nous sommes peut-être dans un cercle vertueux qui pourra contribuer à poursuivre cette tendance à la croissance de la vitalité ressentie dans une société qui vieillit. Espérons que les conditions socioéconomiques des années qui viennent pourront supporter cet allant.

Source : Crop Montréal


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