La « Silver economy » est un espoir européen pour la croissance

Partager cet article

Les 19èmes rencontres parlementaires qui avaient lieu le 22 mai sur les défis de la Longévité resteront-elles dans un cadre franco-français ou tiendront-elles compte des leçons et perspectives européennes offertes par le déploiement de l’économie du vieillissement ?

Par Gérard Cornet

L’étude réalisée par Ernst & Young pour la Commission européenne sur le potentiel d’innovations economiques et sociales de la Silver economy , ou économie du vieillissement , comme l’un des facteurs essentiel d’une croissance durable retrouvée, souligne les obstacles à lever (projet Technolage). Le livre blanc du projet européen Jade sur l’e-sante et la télésanté fait de même. Ces marchés potentiels sont dans la ligne des investissements d’avenir définie par le Président de la République.

Toutefois les conditions de réussite des modèles économiques innovants sur ces marchés, analysés par Ernst et Young sur 20 études de cas, nécessitent une nouvelle gouvernance pour la santé et le soutien à l’autonomie des personnes âgées fragilisées, une coordination des mesures et des investissements et des financements.

Les entreprises et acteurs de la filière SIlver economy ont bien identifié ce besoin d’une nouvelle gouvernance, les besoins croissants à satisfaire, énumérés nombre de freins à lever, de mesures à prendre. Reste à trouver un consensus sur les moyens de solvabiliser une demande potentielle très diversifiée et d’anticiper la montée des besoins. Elles attendent donc du projet de loi cadre ambitieux en préparation par Madame Delaunay, des actions concrètes pour leur donner une meilleure visibilité économique afin de créer des emplois pérennes à valeur ajoutée et d’affronter la concurrence externe.

La définition de la Silver economy retenue dans le rapport de la « Commission Delaunay est très large puisqu’elle englobe tous les aspects économiques du bien Vieillir, depuis les marchés de grande consommation des générations argentées de 50 à 75 ans -devenues aujourd’hui les cibles du senior marketing ,jusqu’aux marchés potentiels des générations plus âgées, moins riches, plus vulnérables , exposées aux risques de santé et de perte d’autonomie. Les marchés « seniors » relèvent des modèles de croissance fondés sur la consommation dans une logique de profit à court terme des entreprises

C’est le credo néo libéral du grand marché européen mis à mal par la mondialisation, les dérives spéculatives et la politique de rigueur pour réduire la dette. Les marchés émergents des innovations technologiques pour la santé et l’autonomie relèvent plutôt d’une approche endogène de la croissance fondée sur les micros modèles d’innovation avec l’intervention de la puissance publique pour remédier à la viscosité des marchés. Financer les investissements innovants pour la prévention santé et autonomie avec création de valeur pour les services de proximité et soutenir la consommation des seniors relèvent de temporalités et de modèles économiques différents

Plusieurs conclusions ressortent du rappport Ernst et Young , notamment au regard de deux modeles d’exploitation probants experimentés à large echelle sur les territoires du Danemark et de l’Ecosse, comme conditions de reussite des systèmes innovants Les solutions utilisant les technologies du numérique doit être partir d’une conception inclusive et centrée sur les patients et usagers. Elles facilitent la conception du soin mais ne la dirigent pas. Ces technologies doivent être simples à utiliser et robustes. Elles impliquent l’accès haut débit au domicile et les liaisons coordonnées avec le centre de soins. Elles nécessitent t une formation professionnelle de bon niveau offrant des perspectives d’avenir aux emplois dans les services de proximité.

La gouvernance d’une autorité centrale est indispensable pour soutenir l’innovation : investissement, coordination, prestation en nature ou par contrat de longue durée avec un prestataire, outils d’évaluation. Les solutions sont évolutives, non figées, adaptées de façon pragmatique. Elles sont nettement plus couteuses que les solutions traditionnelles. Mais l’investissement santé autonomie est globalement très rentable pour les parties prenantes même si les rendements attendus peuvent différer des prévisions : usagers, prestataires, collectivités territoriales et assurance santé y trouvent largement leur compte.

Profitons de ces enseignements en lançant et finançant sans plus tergiverser des expérimentions à grande échelle dans au moins 5 régions différentes selon un plan concerté entre ARS, Régions, Assurance Maladie, CNSA, Pole Emploi, avec des lignes directrices claires permettant aux Conseils généraux de négocier leur mise œuvre territoriale dans un cadre à respecter. Des contrats de quatre ans au moins avec des prestataires pilotes impliquant pour le personnel qualifié outre la formation de base pour le soin celle permettant le bon usage des technologies innovantes. Des systèmes interopérables entre plateformes de services pour avoir des expérimentations transposables et faciliter le déploiement industries/services pour mieux répondre à la croissance des besoins. Des partenariats européens autant que possible.

Une coopération complémentaire avec les acteurs de la filière habitat pour l’adaptation des logements. A ce prix, en utilisant nos atouts, nous créerons de la valeur pour l’économie du Bien vieillir, de l’emploi de proximité de qualité, des entreprises compétitives. Mais c’est une gouvernance de longue haleine.

 


Partager cet article

Laisser un commentaire