Guillaume Vanneste (Keradom) : le principal enjeu des services à domicile est sa capacité à attirer, former et fidéliser des intervenants en nombre suffisant.

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Crédit photo : Alexandre Paumard

Les services à domicile traversent depuis plusieurs années plusieurs challenges dont une crise de l’offre. Les conditions de travail difficiles (un des secteurs avec le plus fort taux d’arrêts de travail, les faibles rémunérations, les emplois du temps serrés, la faible reconnaissance des intervenants à domicile expliquent en grande partie le manque d’attractivité du secteur.

En France il est de plus en plus difficile de trouver du personnel qualifié pour s’occuper de personnes en perte d’autonomie, et par conséquent aider les familles dans la prise en charge de proches dépendants.

Pourtant, la demande de services croît chaque année et va continuer de croître dans les prochaines année, avec l’arrivée de la génération du Baby boom, au grand âge.

C’est aussi un secteur propice à l’innovation à l’image de Keradom.fr. Lancée en 2018, la start-up Keradom développe une plateforme de mise en relation entre des intervenants à domicile et des familles.

Interview de Guillaume Vanneste, son cofondateur.

Pouvez-vous présenter votre service Keradom.fr ?

Keradom est une entreprise innovante de services à domicile pour toute la famille. Notre plateforme met en relation gratuitement intervenants à domicile et familles dans les domaines de l’entretien du logement, de l’aide à domicile et de la garde d’enfants, dans toute la France.

Pourquoi avoir lancé ce service ?

Nous avons dressé plusieurs constats alarmants sur le secteur : conditions de travail désastreuses, personnel insuffisant et démotivé, offre pléthorique et illisible.

Mon associé a créé, développé et dirigé avec succès une jeune entreprise innovante. J’ai moi-même accompagné de nombreux projets entrepreneuriaux et solidaires. Nous avons donc souhaité unir nos forces et nos compétences autour d’un projet qui concilie performance économique et impact social.

Keradom redonne du pouvoir d’achat aux intervenants à domicile. Comment arrivez-vous à cela ?

Savoir qu’un intervenant salarié d’un organisme prestataire touche environ 8 euros nets de l’heure, quand la prestation est facturée au particulier trois fois ce montant, est inacceptable à nos yeux. Nous avons interrogé plusieurs centaines d’intervenants pour connaître leurs insatisfactions et leurs attentes, et construit notre offre en conséquence. Nos intervenants ont tous le statut d’employé à domicile et fixent librement leur salaire, avec un minimum de 10 euros nets de l’heure. De plus nous n’appliquons ni frais, ni commission : ce qu’un intervenant gagne, il le garde.

Comment vous rémunérez-vous ?

Sur Keradom, la mise en relation est 100 % gratuite : pas d’abonnement pour contacter l’intervenant, pas de commissions sur le tarif des interventions.

Nous nous rémunérons par le biais d’un abonnement optionnel qui permet aux familles de nous déléguer la gestion administrative de la relation contractuelle avec l’intervenant. Ainsi, le bénéfice pour les familles est maximal : gain de temps et tranquillité d’esprit.

Comment vous faites-vous connaître des familles ?

Notre stratégie d’acquisition repose sur le référencement Internet (ou SEO), et l’optimisation d’annonces ciblées sur Facebook. Nous travaillons également notre image de marque. Si le prix reste un critère important, les particuliers sont cependant de plus en plus sensibles aux valeurs des entreprises, telles que l’attention portée aux conditions de travail, la valorisation des compétences, etc.

N’y a-t-il pas une difficulté entre votre approche « nationale » et la recherche des familles qui est souvent « locale » ?

En réalité, notre approche est plutôt « multi-locale » que « nationale » : où que vous soyez, vous pouvez trouver un intervenant près de chez vous ou, si c’est pour un proche, près de chez lui. Notre outil technologique et notre modèle économique d’intermédiaire nous permettent de nous affranchir des contraintes de coût et réglementaires des acteurs traditionnels.

Ainsi nous pouvons concentrer nos moyens sur la valeur créée, c’est-à-dire l’attention portée aux intervenants et la qualité du service apporté aux familles.

Quels sont pour vous, les principaux enjeux du secteur des services à domicile ?

Les Français souhaitent très majoritairement profiter de leur chez soi le plus longtemps possible et dans les meilleures conditions. Le principal enjeu du secteur est donc selon moi sa capacité à attirer, former et fidéliser des intervenants en nombre suffisant pour faire face à l’augmentation de la demande, en particulier du fait du vieillissement de la population.

Cela exige de porter les efforts sur les attentes des intervenants : rémunération, formation, perspectives d’évolution, reconnaissance sociale, etc.

 


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