Gérontechnologies, 10 ans trop tôt ?

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Les nouvelles solutions de maintien à domicile sont nombreuses et développées en grande majorité par des start-up ou des PME. Pour le moment, à part celles qui se sont orientées vers le marché des maisons de retraite (et hôpitaux) ou des conseils généraux, certaines peinent à trouver véritablement leur marché et à se développer.

De nombreuses raisons ont été avancées pour expliquer cette situation comme le manque de politiques publiques, les moyens financiers faibles, la complexité des solutions techniques… Toutes expliquent en partie les difficultés.

Mais même si l’ensemble de ces obstacles étaient levés, de nombreuses « géronsolutions » auraient encore des difficultés à se développer… probablement pour une raison essentielle :

Certaines sont en avance de 10 ans par rapport au « time to market ».

En effet, en étudiant les résultats des différentes solutions à paramètres constants, un point important est soulevé : le degré d’affinité de la technologie avec la génération ciblée.

Chaque génération a grandi dans un environnement déterminé. Les Seniors de plus de 70 ans, avec la radio, les Boomers avec la télévision, les jeunes générations avec les jeux vidéos, les adolescents actuels avec les smartphones… Ainsi une génération maîtrise et utilise mieux les technologies de « son temps ».

Bien entendu, chaque génération explorent les technologies « des autres générations ». Internet est un bon exemple : d’abord utilisé par les jeunes, les Boomers s’y sont connectés avec un peu de retard et en sont maintenant les plus gros utilisateurs.

Cependant, ce phénomène connaît ses limites. Ainsi, si les foyers Boomers sont connectés à plus de 60¨%, les 70 ans et plus sont nettement distancés (18%).

Nous retrouvons ce même phénomène avec les jeux vidéos. Les consoles de jeux sont majoritairement utilisées par les jeunes. Or, l’âge du joueur a fortement augmenté pour dépasser 30 ans pour 2 principales raisons : les générations ont grandi, mais les jeux vidéos ont aussi investi d’autres supports technologiques plus utilisés par les générations plus âgées : ordinateurs et télévisions principalement.

Le secteur des technologies de maintien à domicile est confronté au même phénomène du « degré d’affinité » de la technologie avec la génération ciblée et utilisatrice.

Ainsi, si les Boomers sont majoritairement à l’aise avec les écrans tactiles, ce n’est pas le cas des 70 ans et plus. (Moins de 3% ont déjà utilisé cette technologie). Or des solutions de maintien à domicile sont basées sur des écrans tactiles. Même si, nous sommes d’accord pour affirmer que cette technologie est simple et pourrait répondre aux attentes des Seniors âgés, elle « n’appartient » pas à leur génération. La majorité des générations âgées n’y adhère pas naturellement. Alors pour faire accepter ces solutions, il faut « forcer » ces technologies chez des générations qui ont degrés d’affinité faible avec elles. Ce qui passe par un usage de nécessité ou jugé comme tel par les personnes âgées, ou par une formation importante. Cette dernière solution ayant un coût important sans moyen d’être financé de manière rentable.

Et les exemples sont nombreux. Les solutions qui permettent de téléphoner via l’ordinateur, les capteurs de chutes « intelligents » … Ces solutions sont souvent basées sur des technologies à affinité faible avec les générations âgées.

Une étude récente de Senior Strategic, pour un opérateur japonais, l’indique : « les technologies de maintien à domicile basées sur des technologies à forte affinité avec les personnes âgées se développent rapidement ». Les solutions basées sur des technologies nouvelles, seront portées par les Boomers dont les plus âgées ont 66 ans… et les premiers de cette génération auront besoin de ses solutions dans plus de 12 à 15 ans.

Ainsi certaines solutions de maintien à domicile sont en avance de 10 ans par rapport au time to market.

L’idée n’est pas de dire que les Seniors n’utilisent pas les technologies. Mais ils utilisent – certaines – technologies. Demander à une personne de 85 ans d’utiliser un Ipad, c’est comme demander à une personne de 50 ans d’utiliser une Game boy. C’est possible mais plus rare.

Par Frédéric Serrière

 


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