Solidarités entre générations : quelle économie au delà des mots

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La solidarité entre générations s’impose bien sûr dans le discours. Mais, par delà les mots, des mécanismes et solutions de financement de l’aide au quatrième âge peuvent être mis en oeuvre.
Par Eric Duval et Marc Lebreton, Fondateurs de Vie Jeune (Groupe Financière Duval)

La « senior économie », comme tout secteur florissant, n’échappe pas à la mode des mots magiques. Nous aurions aussi pu dire « Silver Economie » ou « Economie du 4e âge » pour utiliser ces élégants termes qui font référence à cette économie des services aux personnes âgées.

Celui du moment est l’inter générationnalité dont le sens est trop souvent dévoyé.

Pourtant, le constat est sans appel. D’abord, nos seniors vivent de plus en plus longtemps. Ensuite, les soignants et les aidants se font de plus en plus rares. Aussi, le gouvernement est étranglé par les coûts de notre système de santé et son endettement limite ses marges d’action. Enfin, les sociétés spécialisées dans l’assistance aux seniors se plaignent régulièrement de la pénurie de main-d’œuvre qualifiée.

Répondre aux attentes des seniors
L’angle de vue à retenir dans la réflexion sur la prise en charge de nos ainés doit principalement être celui de l’environnement et des services qui doivent nécessairement répondre aux attentes des seniors.

Ce sont en effet les deux composantes essentielles de la promesse d’une Résidence Services Senior à son résident : un logement adapté et bien situé mais aussi l’accès à un environnement humain qui, au-delà des services, va contribuer à maintenir le lien social, voire resocialiser la personne âgée fragilisée le cas échéant.

Un environnement adapté.
Concernant l’environnement, une résidence se doit d’être placée au cœur ou à proximité directe de la ville ou d’un bourg, là où la diversité sociale permet de développer les liens transgénérationnels et la mixité sociétale.

Des services ouverts sur l’extérieur.
Sur le plan des services, c’est encore plus nécessaire, un senior ne rejoint pas une résidence pour y trouver un logement plus adapté, il préfèrera alors adapter son logement parce qu’on n’est jamais aussi bien que chez soi.

C’est bien la dimension humaine, couplée aux services et activités, qui l’incitera à quitter son domicile historique pour retisser des liens humains et rompre l’isolement dont on sait qu’elle fait souffrir nombre de nos aînés. Comme chaque année, la canicule qui s’annonce va nous rappeler à quel point l’isolement de nos aînés n’est pas qu’un mot mais une réalité dramatique.

Et ce nouveau tissu relationnel ne peut se construire uniquement entre seniors fragilisés ; il doit en effet pouvoir accueillir les proches, jeunes et moins jeunes, tout comme des voisins bien utiles. Ce lien relationnel se renouera également au travers de tous les services à la personne qui devront être nécessairement proposés et grâce à la mise en place de nombreuses activités ouvertes sur le monde extérieur.

Un financement adapté
Il est une troisième composante dont on parle moins, mais qui est pourtant primordiale, qui doit être réfléchie pour franchir le pas de son domicile historique vers un nouveau logement dans une résidence adaptée et vivante. C’est l’aspect économique.

Jean Hervé Lorenzi, titulaire de la Chaire transitions démographiques, transitions économiques a démontré par les travaux de ses équipes que nous sommes confrontés à un risque social majeur. L’explosion démographique du nombre de seniors, liée à la conjonction de l’allongement de la durée de la vie et l’arrivée de la génération des baby-boomers, coïncide avec une demande croissante en matière de santé et de soin de cette population et un désengagement de l’Etat qui concentre, aujourd’hui, ses missions à vocation sociale, au grand âge et à la dépendance.

La troisième génération ne va bientôt plus pouvoir accompagner financièrement ses ainés, les processus de transmission ne fonctionnant plus de manière optimale. Il semble nécessaire de repenser les transferts de flux transgénérationnels pour financer une retraite plus longue.

Pour autant nos seniors, s’ils voient leurs retraites diminuer et soumises à une pression fiscale croissante, détiennent aujourd’hui 60 % du patrimoine de la population ; ainsi 80 % des personnes âgées sont aujourd’hui propriétaires d’un bien immobilier, contre 50 % pour la population prise globalement.

La solution au financement de la retraite passerait donc par des outils assurant une meilleure « liquidité » du patrimoine, et non par les seuls revenus de retraites. C’est notamment le sens des mécanismes de « viager », de type épargne notamment, assurant le versement de rentes viagères.

Pour une nouvelle approche de la prise en charge de nos ainés
Nous défendons une approche qui souscrit pleinement à cette analyse, nous privilégions la « valorisation » locative du patrimoine existant de nos résidents, permettant de générer un revenu complémentaire à la retraite qui finance durablement le séjour dans nos résidences. Ainsi la retraite elle-même ne sert plus qu’à financer les « extras » comme la restauration et les services à la carte. Un séjour en Résidence peut durer des années, (c’est d’ailleurs l’un des meilleurs moyens de différer la dépendance), aussi, est-il pertinent de s’assurer que son financement est pérenne. C’est pourquoi nous privilégions les mécanismes qui n’aliènent pas le patrimoine familial, voire même qui permettent de transmettre par anticipation.

L’environnement économique n’a jamais été aussi favorable à une telle démarche. Les revenus d’un capital immobilier, sous réserve que celui-ci puisse être loué, sont aujourd’hui très largement supérieurs à ceux d’un placement mobilier classique.

C’est pour nous une démarche transgénérationnelle profitable à tous, les seniors sont ainsi libérés des contraintes financières, leurs enfants n’ont pas à aider leurs parents, mais au contraire bénéficient au bon moment d’une forme de transmission par anticipation, et les petits enfants voient avec plaisir le patrimoine familial rester dans la famille !

Vieillir n’est pas uniquement synonyme de problèmes, et parce que comme le disait Eluard, « Vieillir, c’est organiser sa jeunesse au fil des ans » nous voulons organiser celle de nos ainés. Nous sommes convaincus que prendre soin de nos ainés, c’est prendre soin de la société toute entière.


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