Les CCAS et CIAS ont un rôle social déterminant auprès des personnes âgées, notamment fragilisées. Pour mieux comprendre, leurs actions et les enjeux pour les prochaines années, nous avons interviewé Benoît Calmels, le dynamique délégué général de l’Union nationale des centres communaux et intercommunaux d’action sociale (Unccas).
Pouvez-vous nous présenter les CCAS ?
Tout d’abord, il existe les CCAS, les centres communaux d’action sociale et les CIAS, les centres intercommunaux d’action sociale.
Etablissements publics autonomes, leur mission est de porter l’action sociale des communes ou des intercommunalités, sur les territoires concernés.
Le mode de gouvernance est particulier.
Le conseil d’administration du CCAS est présidé automatiquement par le maire de la commune. Ce conseil est composé pour moitié d’élus municipaux, à la proportionnelle (l’opposition est donc ainsi représentée). L’autre moitié est composée de personnes représentants les organismes de la société civile.
C’est la seule autorité administrative où les décisions se prennent pour moitié par des élus et pour moitié par des personnes issues de la société civile.
Parmi les personnes issues de la société civile, il y a obligatoirement, une personne d’une association de lutte contre l’exclusion, un représentant d’une association familiale, un représentant des associations représentant les personnes en situation de handicap et un représentant d’une association représentant les personnes âgées.
Chaque membre du conseil d’administration a exactement le même poids et la même voix dans les décisions.
La deuxième grande spécificité est que les réunions se passent la plupart du temps à huis clos. Ceci pour protéger la vie privée des personnes en difficultés qui se tournent vers le CCAS.
En nombre, les CCAS et CIAS sont environ 25 000 sachant que le CCAS est obligatoire au-delà de 1500 habitants. En dessous, il est facultatif.
Les CCAS représentent 130 000 fonctionnaires, 3 milliards d’euros de budget.
8 CCAS sur 10 mènent une ou plusieurs actions en direction des personnes âgées. Celles-ci sont très variées : gestion d’un service de repas à domicile, direction d’un EHPAD (les CCAS gèrent 10% des EHPAD de notre pays), direction d’une résidence autonomie (60% du parc est géré par les CCAS) mais aussi de très nombreuses actions de prévention, etc.
8 CCAS sur 10 mènent une ou plusieurs actions en direction des personnes âgées.
Au-delà de la gestion de services, le CCAS est aussi un ensemblier. Il coordonne bien souvent l’action de diverses associations locales ou plus largement de partenaires engagés auprès des personnes âgées..
La question du vieillissement de la population impacte donc totalement et quotidiennement le fonctionnement des CCAS.
Que pouvez-vous nous dire sur l’exclusion des personnes âgées ?
L’exclusion peut toucher tout le monde. Je dirais cependant que la personne âgée, comme les personnes handicapées, subit, en quelque sorte, une double peine.
Premièrement, précisons qu’il n’y a pas forcément de lien automatique entre le fait d’être âgé et celui de perdre en autonomie. Heureusement, la grande majorité des personnes âgées, même si elles peuvent avoir des problèmes de santé, vivent normalement, de manière autonome.
Deuxièmement, la personne âgée est souvent moins entourée socialement. Les enfants, par exemple, sont partis travailler loin. Les liens avec les voisins sont, en général, assez limités. la double peine que j’évoquais renvoie ainsi à des situations d’isolement accentuées potentiellement par des problèmes liés à des pathologies.
Troisièmement, les personnes âgées ne vont pas aller naturellement chercher de l’aide. Elles ont plutôt tendance à vouloir se débrouiller seules et se renferment très rapidement.
Ainsi, ce phénomène d’exclusion peut être renforcée.
S’agissant de leurs conditions de vie, on entend souvent dire que les retraités sont une population riche. Statistiquement, c’est vrai. En moyenne, les personnes âgées sont souvent un peu mieux loties que le reste de la population en termes de niveau de revenus. Beaucoup de retraités actuels sont propriétaires de leur logement et peuvent avoir un patrimoine important.
Ce qui peut aboutir à cette conclusion que les retraités sont riches.
Or, il s’agit d’une moyenne. Nombre de personnes âgées sont pauvres.
Dans les CCAS, nous suivons actuellement des adultes entre 50 et 60 ans, dont les parcours de vie n’ont pas été linéaires, en termes d’emploi par exemple. Leurs pensions sont très faibles, ils ne sont pas propriétaires, ne sont plus en couple, etc. Ces personnes vont être confrontées à des problématiques liées à leur vieillissement, mais aussi à leur situation financière très dégradée.
Dans 10 ans et au-delà, nous risquons de voir des personnes âgées qui auront été en précarité une grande partie de leur vie. Lorsqu’elles vont vieillir, elles n’auront aucun moyen financier. De plus, ces populations auront des pathologies qui seront encore amplifiées. A la précarité financière peut venir s’ajouter une perte d’autonomie, ce qui rend les situations individuelles et leur accompagnement complexes.
Vous intervenez souvent dans des conférences et des événements liés à la Silver économie. Quel lien faites-vous entre les CCAS et la Silver économie ?
Notre union nationale (UNCCAS) a voté une stratégie pour les six ans correspondant à la mandature des municipales. Dans ce cadre, la Silver économie a été identifiée comme un outil important.
Le premier intérêt que nous voyons dans la Silver économie est sa capacité à apporter des solutions, non seulement pour les seniors mais aussi, et sans doute de plus en plus, en direction des personnels en contact avec ces personnes âgées. Ces personnels pourraient ainsi s’affranchir de tâches exécutées par des solutions techniques ou technologiques et donc se concentrer sur l’aspect humain de la relation.
L’autre intérêt de la Silver économie pour les maires-présidents de CCAS réside dans le potentiel d’activités économiques qu’ils ont tout intérêt à développer sur leur territoire, que ce soit via des start-up ou des entreprises déjà bien implantées. Ce secteur est une source d’emploi.
Je pense par exemple aux collectivités qui ont permis le développement du cluster Silver Valley, à Ivry-sur-Seine dans la région parisienne.
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Exemple d’actions d’un CCAS en direction des personnes âgées
Le CCAS de L’isle en Dodon, à l’initiative d’une demande d’usagers isolés souhaitant retrouver du lien social, a décider de développer diverses activités, sorties et animations. Le procédé est simple et repose sur la solidarité des habitants de la commune.
L’Isle-en-Dodon est une petite commune rurale de 2 000 habitants située dans le département de la Haute-Garonne, chef lieu d’un canton regroupant 24 communes. Le canton de l’Isle-en-Dodon étant très étendu, les communes en sont éloignées. Depuis le 1er janvier 2008, 14 communes du canton dont l’Isle-en-Dodon adhèrent à la Communauté de communes des Portes du Comminges. Les personnes sont souvent isolées, éloignées de leur famille et ont pour seuls contacts l’aide ménagère, le facteur et les agents qui leur portent le repas.
L’initiative du CCAS, incluant plusieurs actions envers les séniors, s’inscrit dans une démarche de dynamisation du territoire. L’objectif est de réunir tous ceux qui désirent faire des rencontres, participer à des activités, ateliers ou conférences, échanger des informations, s’impliquer dans la vie de la ville…
Les activités proposées sont organisées avec les habitants de la commune d’accueil avec une présentation des attraits du village par les aînés locaux, un spectacle proposé par les écoles, la visite d’une ferme ou la dégustation de produits de producteurs locaux… Chaque rencontre s’achève par un goûter qui peut être l’occasion de fêter les anniversaires. Exemples : des ateliers couture, participation à la Semaine Bleu, mobilisation des Seniors, repas du village, la fête des jardins, le goûter annuel.
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