Le baby-boom (1946-1964)
Le baby-boom se manifeste dans la plupart des pays industrialisés. Il se définit par le maintien d’une fécondité relativement élevée, se chiffrant à 2,5 enfants par femme en 1946-1949 et à 2,6 en 1959-1963 en Belgique. Ce n’est pas le simple rattrapage d’un déficit des naissances dû à la guerre, mais un comportement optimiste de la population provoqué par une conjoncture favorable qui persista jusqu’au milieu des années soixante. En Wallonie, le taux de natalité qui était très faible avant et pendant la guerre (11,9 %o et 10,76 %o) augmente et se maintient de 1946 à 1962 entre 15,2 et 16,1 %o. Le taux de mortalité demeure entre 13,3 et 14,8 %o, avec comme résultat un taux d’accroissement naturel positif, se chiffrant au minimum à 1,2 %o (en 1951-1955 et 1962) et au maximum à 2,5 %o (en 1961). La stabilisation du taux de mortalité à un ordre de grandeur de 12%o s’explique par les effets contraires d’une espérance de vie à la naissance en hausse et d’un vieillissement au sommet de la structure des âges.
Baby-boom et immigration
L’augmentation de la population wallonne au cours de cette période est due au baby-boom mais aussi et surtout à l’importance de l’immigration car, dans le même temps, on assiste à une forte émigration de Wallons vers Bruxelles. Au cours de la période séparant les recensements de 1947 et de 1961, plus d’un quart de la hausse de la population de la Wallonie provient du bilan migratoire, alors que la population de la Flandre augmente à cause de son mouvement naturel. L’immigration fut si importante qu’on aurait d’ailleurs pu s’attendre à ce qu’elle joue un rôle plus important encore. Mais les échanges migratoires à l’intérieur du pays se soldent par une perte pour la Wallonie due à l’attraction bruxelloise : 15.480 personnes ont quitté la Wallonie pour s’installer à Bruxelles.
Rajeunissement de la population wallonne (1947-1970) mais…
Conséquence du baby-boom et de l’immigration d’hommes jeunes puis d’un regroupement familial, la part des jeunes (entre 0 et 19 ans) croît entre 1947 et 1970. La population rajeunit à la base même si elle continue à vieillir à son sommet. A partir de 1981, on assiste à une reprise générale du vieillissement. C’est toutefois la nuptialité qui a connu récemment les bouleversement les plus profonds. La baisse du nombre annuel de naissances coïncide avec l’apparition dans les nouvelles générations d’un nouveau système de normes et de valeurs régissant la vie familiale. Ce système est nettement orienté vers l’individualisme, il en résulte, d’abord, un déclin du nombre de mariages, ensuite une instabilité beaucoup plus grande de ceux-ci… Inéluctablement le nouveau système de normes et valeurs familiales, parce qu’il entraîne une instabilité et des incertitudes croissantes, rend nécessaire pour la femme, l’exercice d’une profession rémunérée… Toutes ces aspirations nouvelles font que les mariages récents sont peu féconds… De tout ceci il résulte que les
mesures traditionnelles d’aide à la famille risquent d’être désormais
peu efficaces (Adresse des démographes des universités de Liège, Louvain
et Bruxelles, en 1983).