L’Autriche doit garder ses salariés Seniors d’après l’OCDE

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Selon un tout récent rapport de l’OCDE, le vieillissement démographique et l’emploi des travailleurs âgés représentent des défis majeurs pour l’Autriche. Du fait de la baisse de la mortalité et d’une fécondité qui se maintient à de faibles niveaux, la part de la population de plus de 65 ans devrait doubler d’ici 2050, et la population d’âge actif pourrait diminuer à partir de 2018 (graphique 1). La diminution probable de l’offre de main-d’œuvre freinera la croissance économique alors que les dépenses sociales publiques continueront d’augmenter.

S’inscrivant dans la série des rapports nationaux publiés sous le titre Vieillissement et politiques de l’emploi, le rapport que l’OCDE consacre à l’Autriche examine les principaux obstacles à l’emploi des personnes vieillissantes en Autriche ; évalue le bien-fondé et l’efficacité des mesures qui ont d’ores et déjà été prises pour lever ces obstacles ; et formule un certain nombre de recommandations à l’intention des pouvoirs publics, des employeurs, des syndicats et des travailleurs âgés eux-mêmes.

L’OCDE reconnaît dans son rapport que, depuis le milieu des années 1990, l’attitude des responsables publics à l’égard des travailleurs âgés a changé. La récente réforme des pensions, en particulier, est assurément un signe de changement dans l’orientation des politiques. Et, parallèlement à la réforme des pensions, diverses mesures ont été prises pour contribuer à améliorer les perspectives des travailleurs âgés sur le marché du travail. On évoquera notamment les incitations en direction des employeurs destinées à les encourager à conserver des effectifs âgés et à embaucher de la main-d’œuvre âgée, et les efforts déployés par le Service du marché du travail pour améliorer l’employabilité des travailleurs d’un certain âge.

En dépit de ces réformes, l’OCDE constate que l’attitude des employeurs et des salariés ne change que très lentement et que l’on continue à avoir largement recours aux cessations anticipées d’activité. L’OCDE observe que de nombreux Autrichiens âgés se retirent de la vie active bien avant l’âge légal de la retraite ou même avant l’âge ouvrant l’accès à une retraite anticipée (graphique 2). De ce fait, en Autriche, parmi les personnes ayant entre 55 et 64 ans, une sur trois seulement est encore en activité, ce qui est nettement moins que dans la plupart des autres pays de l’OCDE. La situation ne s’est que légèrement améliorée depuis 1995 (graphique 3).

Recommandations pour une réforme

Selon l’OCDE, si l’Autriche veut faire face avec succès au défi que constitue le vieillissement démographique, elle devra adopter une approche globale, intéressant tous les secteurs de l’action publique, pour encourager les travailleurs vieillissants à se maintenir plus longtemps en activité. D’un côté, il faut renforcer encore le système de pension et accompagner cette évolution d’une réforme du régime de l’invalidité. Ce dernier aspect est particulièrement important dans un pays où, à partir d’un certain âge, un homme sur deux et une femme sur trois se retirent de la vie active en raison d’une invalidité. D’un autre côté, il faudra introduire divers changements dans les politiques actives du marché du travail et les réglementations en matière d’emploi pour améliorer l’employabilité des travailleurs âgés. On rappellera ci après quelques unes des recommandations énoncées par l’OCDE dans son rapport :


Moduler l’âge de la retraite en fonction des évolutions démographiques. Comme on anticipe la poursuite de l’allongement de l’espérance de vie, l’OCDE estime que l’âge légal et l’âge minimum de la retraite devraient automatiquement être revus à la hausse en fonction de l’évolution de l’espérance de vie. Si ce réajustement automatique n’augmentait pas suffisamment l’offre de main-d’œuvre, peut-être faudrait-il prendre d’autres mesures pour limiter les possibilités de choix des retraités.


Ne pas considérer la capacité d’une personne d’occuper son emploi habituel pour déterminer si elle doit relever de l’invalidité. L’OCDE souligne qu’une pension d’invalidité ne devrait pouvoir être accordée qu’aux personnes incapables de travailler. Actuellement, les travailleurs de plus de 57 ans peuvent bénéficier d’une pension d’invalidité s’ils sont dans l’impossibilité d’exercer leurs fonctions antérieures – alors qu’ils peuvent être tout à fait en mesure d’exercer d’autres fonctions. Cette notion de capacité d’occuper son emploi habituel a été abolie dans la plupart des pays de l’OCDE et l’Autriche pourrait envisager une évolution dans ce sens.


Mieux cibler les réductions de charges salariales. Les réductions permanentes de charges sociales liées à l’emploi de travailleurs âgés seraient plus efficientes au regard de leur coût si elles visaient plus étroitement les catégories de travailleurs qui ont de faibles chances de se réinsérer dans l’emploi – en l’occurrence, les chômeurs âgés peu qualifiés ou dont les qualifications sont obsolètes. La mesure pourrait aussi être plus efficace si, en contrepartie, les réductions ciblées étaient plus importantes.


Améliorer la cohérence du système d’éducation et de formation continue. L’OCDE observe qu’un manque de cohérence entre les différents acteurs de la formation nuit aux possibilités de formation des travailleurs âgés. La cohérence serait meilleure s’il y avait une meilleure coopération entre les différentes strates d’intervenants. Des efforts conjoints d’information et d’orientation représenteraient une première étape. A plus long terme, on devrait davantage exploiter les possibilités d’offrir des services en commun.


Envisager un système d’incitations financières à l’intention des employeurs pour les encourager à investir dans la prévention des accidents. Les établissements qui ont un bon bilan sur le plan de la sécurité au travail devraient acquitter des primes d’assurance accidents minorées par rapport aux établissements plus dangereux, à l’instar de ce qui se passe dans la plupart des autres pays de l’OCDE. L’OCDE pense qu’une telle mesure serait de nature à encourager les employeurs à redoubler d’efforts pour améliorer l’hygiène et la sécurité au travail. De même, des primes d’assurance prenant en compte, d’une manière ou d’une autre, le risque général d’invalidité pourraient être mises en place car les cas d’invalidité sont souvent liés à des conditions de travail médiocres.


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