Auteur : Pierre Aeby
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On parle partout d’une nouvelle
image de la vieillesse, à commencer par les économistes qui ne cessent de
marteler que vieillissement démographique signifie développement d’un nouveau
et grand marché à conquérir, ouvert à tous les secteurs des biens et services,
et bien plus proche que la Chine.
Dans une société de consommation,
il ne faut ni s’étonner, ni s’offusquer du fait que la réhabilitation progressive
de l’image de la vieillesse passe par la conscience du potentiel énorme de
consommation de celles et ceux que l’on nomme désormais les «papy boomers»,
soit la génération née dans l’immédiat après-guerre et qui se targue aujourd’hui
de parvenir à la retraite professionnelle en pleine possession de tous ses
moyens (notamment financiers). Il faut plutôt se réjouir qu’il existe enfin
une porte d’entrée concrète pour faire évoluer positivement le concept de
vieillesse.
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Il y a en effet comme une schizophrénie
saisissante au sein de la société, et souvent chez les individus eux-mêmes,
qui les fait appréhender les vieilles et les vieux dans des représentations
toujours partielles et rarement reliées entre elles. Les vocables de «vieilles»
et de «vieux» sont ici utilisés à dessein car ils méritent une réhabilitation
dans le langage contemporain.
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Depuis 1917, la fondation Pro Senectute
se préoccupe de l’autonomie et de la dignité des personnes âgées. Vingt-six
organisations cantonales indépendantes se sont développées de manière à palier
les lacunes en matière de politique de la vieillesse, qui peuvent être très
fortement différenciées selon les spécificités sociologiques, historiques,
politiques et législatives de chaque canton.
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De plus en plus, malgré le préfixe
latin «pro», le constat est fait qu’il ne faut pas agir «pour les personnes
âgées» mais «AVEC» cette catégorie de la population, tout aussi hétérogène
que les actifs, la jeunesse ou les enfants.
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L’image de la vieillesse ne doit
pas être celle de personnes dépendantes d’autrui, mais au contraire, le modèle
d’hommes et de femmes qui font beaucoup pour leur famille en général, leur
quartier, leurs réseaux de relation, pour autant que l’entourage privé et
public puisse palier de manière simple les quelques faiblesses naissantes,
le grand âge venant.
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Il ne faut pas oublier que quatre
personnes sur cinq de plus de 80 ans vivent chez elles. Elles ont besoin de peu
d’aide pour conserver leur autonomie, notamment pour effectuer certains travaux
ménagers, porter des commissions trop lourdes, voyager avec une valise, marcher
sur de longues distances ou encore s’assurer des repas réguliers.
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: REVUE ECONOMIQUE ET SOCIALE (2005) En savoir plus : cliquez
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