En 2015, 1,4 million de personnes âgées de 53 à 69 ans résidant en France métropolitaine, soit 11 % des personnes de cette tranche d’âge, ne perçoivent ni revenu d’activité ni pension de retraite, qu’elle soit de droit direct ou de réversion souligne une document d’analyse de la Drees en 2018.
Ces seniors n’ayant ni emploi ni retraite (NER) sont en majorité des femmes. Ils sont en moins bonne santé et moins diplômés que les autres seniors. Ils sont aussi plus éloignés du marché du travail que les personnes de 25 à 52 ans sans emploi.
Après 50 ans, de nombreuses personnes rencontrent des difficultés importantes sur le marché du travail, ce qui se caractérise par un taux d’emploi moindre que pour les personnes d’âge intermédiaire. En 2015, le taux d’emploi des personnes de 55 à 59 ans s’élève à 69 %, contre 80 % pour celles de 50 à 54 ans et de 25 à 49 ans. Aussi, en fin de carrière, de nombreuses personnes transitent par des situations où elles ne sont ni en emploi ni à la retraite (NER). La diversité de ces situations dépend notamment de l’état de santé et de l’implication ou non dans une démarche de recherche d’emploi. Ces situations hors de l’emploi et hors de la retraite autour de 60 ans constituent potentiellement des poches de pauvreté, dans lesquelles se trouvent des seniors qui, tout en ne pouvant ou ne souhaitant pas encore bénéficier d’une pension de retraite1, ne peuvent plus travailler ou ne parviennent plus à retrouver un emploi. Ils ne perçoivent alors que des minima sociaux, des allocations chômage ou des pensions d’invalidité.
Avec un niveau de vie médian de 1 270 euros par mois, le taux de pauvreté des seniors NER atteint 32 %, contre 7 % pour les seniors en emploi ou à la retraite. Si, quel que soit leur profil, les seniors NER sont plus souvent pauvres que les autres, des disparités apparaissent néanmoins. Parmi eux, ceux dont le conjoint travaille ou est à la retraite présentent un taux de pauvreté plus faible que ceux vivant seuls ou dont le conjoint est également NER.
La composition du revenu disponible des ménages dans lesquels vivent les seniors NER varie notablement s’ils sont en situation de handicap ou pas, selon la présence ou non d’un conjoint et selon son statut d’activité.
La redistribution réalisée par le système sociofiscal réduit le nombre de seniors NER pauvres de 30 %, comme pour les autres seniors. En l’absence de ces transferts sociaux et fiscaux, presque un senior sans emploi ni retraite sur deux serait pauvre.
Un niveau de vie médian de 1 270 euros par mois pour les seniors sans emploi ni retraite
Quand on compare le niveau de vie ou le taux de pauvreté (encadré 3), les seniors NER occupent une situation intermédiaire entre les retraités ou les seniors en emploi d’un côté, et les personnes sans emploi âgées de 25 à 52 ans de l’autre. Leur niveau de vie médian s’élève à 1 270 euros par mois en 2015 ; il est inférieur à celui des seniors en emploi (2 090 euros mensuels) ou des retraités (1 860 euros mensuels). Mais il est plus élevé que celui des personnes sans emploi âgées de 25 à 52 ans (1 050 euros mensuels). De plus, 32,1 % des seniors NER vivent en dessous du seuil de pauvreté, contre 6,0 % des seniors retraités et 7,4 % des seniors en emploi (tableau 3), alors que c’est le cas de la moitié des personnes sans emploi âgées de 25 à 52 ans (46,8 %). 62 % des seniors NER appartiennent à un ménage modeste, dans la mesure où leur niveau de vie est inférieur au 4e décile (soit 1 510 euros mensuels), alors que les seniors en emploi ou retraités ont majoritairement des niveaux de vie supérieurs au 6e décile (1 880 euros mensuels). La proportion de personnes pauvres parmi les seniors NER est plus élevée que parmi les seniors en emploi ou retraités et le niveau de vie des personnes pauvres y est plus faible. Des disparités de niveau de vie médian au sein des seniors NER sont observées suivant la configuration familiale, le fait d’avoir un handicap ou selon le statut d’activité du conjoint éventuel. Il est, par exemple, de 930 euros mensuels pour un senior NER vivant seul9, mais est notablement supérieur pour ceux en couple dont le conjoint travaille (1 650 euros) ou perçoit une retraite (1 500 euros).
Le constat sur la pauvreté doit ainsi être nuancé, celui-ci étant lié au statut d’activité de l’éventuel conjoint. Ainsi, un quart des seniors NER ont un niveau de vie supérieur au 6e décile – c’est-à-dire qu’ils se situent parmi les 40 % des ménages les plus aisés. Il s’agit en majorité de femmes en couple sans enfant à charge, âgées d’une soixantaine d’années et étant relativement diplômées. Cette relative aisance va de pair avec une proportion sensiblement plus large de propriétaires non accédants, un état de santé déclaré bien meilleur et une proportion beaucoup plus faible de personnes ayant un handicap reconnu ou une gêne chronique que parmi les autres seniors NER. Plus aisée, cette catégorie particulière de NER est plus éloignée du marché du travail, ces personnes étant moins nombreuses à souhaiter trouver un emploi.