Le vieillissement de la population suisse soulève de nombreux défis, notamment en matière de logement. Une récente étude menée par la Hochschule Luzern – Wirtschaft et commanditée par l’Office fédéral du logement (OFL) met en lumière les conditions de logement des seniors en Suisse et leur faible mobilité résidentielle.
Des logements souvent bien situés mais pas toujours adaptés
L’étude révèle que la majorité des personnes âgées de 76 ans et plus vivent dans des appartements bien situés, proches des commodités et bénéficiant de loyers souvent avantageux grâce à d’anciens baux. En moyenne, ces logements offrent une surface de 65 m² par personne, ce qui garantit un certain confort. Cependant, de nombreux logements sont anciens : 63 % d’entre eux ont été construits avant 1980, époque où les normes d’accessibilité n’étaient pas encore en place. Ainsi, des obstacles comme l’absence d’ascenseur ou des seuils de porte élevés peuvent compliquer le quotidien et nuire à l’autonomie des résidents.
Une mobilité résidentielle très faible
Malgré l’évolution de leurs besoins, les seniors déménagent rarement. En 2022, seuls 5,1 % des 76 ans et plus ont changé de logement, et la moitié de ces déménagements concernaient un passage en maison de retraite ou en établissement médicalisé. La majorité des déménagements effectués restent très locaux : 50 % des seniors ayant changé de logement sont restés dans un rayon de 2 km.
Cette faible mobilité s’explique par plusieurs facteurs :
- Un attachement émotionnel fort au logement et à l’environnement social.
- Une situation financière avantageuse pour ceux qui bénéficient d’anciens baux à loyers réduits.
- Des obstacles logistiques : la recherche de logement étant de plus en plus numérisée, les seniors peuvent rencontrer des difficultés à accéder aux nouvelles offres locatives.
- Le coût du déménagement, souvent perçu comme une charge supplémentaire.
Des risques d’isolement accrus
L’étude souligne également un phénomène inquiétant : 77 % des 76 ans et plus vivent seuls ou avec des personnes du même groupe d’âge. Pour les femmes, ce chiffre atteint 48 % à partir de 76 ans et 68 % après 86 ans. Cette situation favorise l’isolement social et peut avoir un impact négatif sur la santé mentale.
Quels leviers d’action pour améliorer la situation ?
Face à ces constats, plusieurs pistes d’amélioration sont envisageables :
- Adapter les logements existants en supprimant les obstacles physiques et en favorisant l’accessibilité.
- Faciliter l’accompagnement au déménagement pour ceux qui souhaitent changer de logement, en simplifiant les démarches administratives et en proposant des aides financières.
- Encourager des solutions de logement intergénérationnel pour rompre l’isolement et favoriser l’entraide entre générations.
- Développer des logements adaptés à proximité des services de soins ou avec des infrastructures facilitant le maintien à domicile.
Conclusion
Si une majorité de seniors suisses vivent encore dans des conditions de logement favorables, leur faible mobilité et les défis liés à l’accessibilité des logements posent question. L’enjeu pour les prochaines années sera d’anticiper ces besoins et de développer des solutions durables permettant aux aînés de bien vieillir chez eux, en toute autonomie et en sécurité.