Le nombre de personnes quittant le marché du travail dépasse celui des personnes y entrant (Canada)

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En 2016, la population comptait 4,4 millions de jeunes de 15 à 24 ans et 4,9 millions de personnes de 55 à 64 ans, ce qui signifie que l’écart s’élargit entre le nombre de jeunes entrant sur le marché du travail et le nombre de personnes se préparant à le quitter.

Le ratio entre les jeunes et les personnes de 55 à 64 ans était de 0,9 en 2016, soit en deçà du taux de remplacement. Il s’agit du ratio le plus bas fondé sur des statistiques comparables. Par opposition, en 1976, le ratio était de 2,4 jeunes pour chaque personne âgée de 55 à 64 ans. Ce ratio a amorcé une tendance à la baisse au cours des années 1980 et 1990 et est passé en dessous du niveau de 1,0 pour la première fois en 2013. Selon les projections démographiques, cette tendance devrait se poursuivre au cours des 20 prochaines années.

Le vieillissement du Canada

Au cours des dernières années, le marché du travail a été caractérisé par un déclin lent et régulier du taux global d’activité, qui mesure la proportion de la population active et des chômeurs par rapport à la population totale en âge de travailler (c’est-à-dire les personnes de 15 ans et plus). En 2016, le taux annuel était de 65,7 %, soit le taux le plus bas observé en 17 ans. Depuis 2007, soit peu avant que l’économie canadienne soit touchée par la récession de 2008-2009, le taux d’activité a diminué de près de 2 points de pourcentage. De 2007 à 2016, la population en âge de travailler a augmenté de 3,1 millions de personnes, mais le nombre de participants au marché du travail ne s’est accru que de 1,6 million.

Parallèlement, depuis le début des années 2000, on a observé une croissance sans précédent de la population canadienne plus âgée. L’âge médian, tout comme la proportion des personnes de 55 ans et plus au sein de la population, ont augmenté considérablement en raison de plusieurs facteurs, d’abord en raison du vieillissement des membres de la génération du baby-boom, mais aussi en raison des taux de natalité qui sont inférieurs au taux de reproduction depuis près de 50 ans et d’une augmentation de l’espérance de vie.

La croissance récente de la population de 55 ans et plus est plus particulièrement associée au vieillissement des membres de la génération du baby-boom. Il s’agit de la cohorte des personnes nées au cours de la période allant de 1946 à 1965, lors de l’accélération des taux de natalité d’une année à l’autre après la Deuxième Guerre mondiale. En 2016, ce groupe était formé des personnes âgées de 51 à 70 ans.

Les changements démographiques relatifs à l’âge ont une incidence sur le marché du travail, car une personne est moins susceptible de travailler après avoir atteint l’âge de 55 ans. Par conséquent, à mesure que la proportion de Canadiens plus âgés augmente (et n’est essentiellement accompagnée d’aucune croissance de la population des Canadiens plus jeunes), l’économie canadienne pourrait faire face à des défis liés à des périodes prolongées de faible croissance. De plus, une population vieillissante nécessite davantage d’aide provenant de programmes gouvernementaux, comme les soins de santé et la Sécurité de la vieillesse. Parallèlement, l’assiette d’imposition pourrait rétrécir, en raison de la part de plus en plus réduite des travailleurs du principal groupe d’âge actif. Une population active vieillissante peut également représenter des difficultés pour les employeurs, comme une réduction des heures de travail, des problèmes de santé et une pénurie de main-d’œuvre.

Même si le taux d’activité des personnes de 55 ans et plus a récemment augmenté, cette croissance ne sera pas suffisante pour compenser les effets négatifs de la part décroissante de la population des travailleurs du principal groupe d’âge actif et des jeunes, pour qui les taux d’activité demeurent significativement plus élevés que ceux des personnes de 55 ans et plus. Cela soulève la possibilité que le changement de composition de la population lié au vieillissement soit la principale cause de la diminution des taux d’activité observée ces dernières années.

En s’appuyant sur les données de l’Enquête sur la population active, la présente étude fournit un aperçu de l’interaction entre les changements observés sur le marché du travail qui sont liés au vieillissement de la population, ainsi que d’autres facteurs sociodémographiques. Tout d’abord, l’étude fournit des informations sur les tendances à long terme du taux d’activité, en s’appuyant sur les données de 1976 à 2016. Ensuite, l’étude jette un regard plus approfondi sur la période allant de 2007 à 2016, afin de tenter d’expliquer les causes de la récente baisse du taux d’activité des personnes âgées de 15 ans et plus. Enfin, l’étude tente d’expliquer les facteurs à l’origine de la hausse des taux d’activité des personnes de 55 ans et plus observée depuis 1996. Il est important de comprendre les facteurs à l’origine de l’augmentation des taux d’activité des Canadiens plus âgés, puisque les travailleurs plus âgés sont perçus comme étant un contrepoids essentiel au vieillissement de la population en âge de travailler.

En 2016, plus du tiers de la population en âge de travailler était âgée de 55 ans et plus

En 2016, les Canadiens de 55 ans et plus représentaient 36 % de la population en âge de travailler (c’est-à-dire, de 15 ans et plus), en hausse par rapport à 30 % en 2007. Il s’agit également d’une proportion nettement supérieure à la moyenne de 25 % observée tout au long des années 1990. On estime que la part des Canadiens de cette tranche d’âge devrait continuer d’augmenter pour atteindre 40 % de la population en âge de travailler en 2026.

Chart 1 Répartition de la population en âge de travailler, selon le groupe d’âge, 1976 à 2016

Les augmentations au sein de ce groupe sont principalement attribuables à la première vague de baby-boomers qui ont commencé à atteindre l’âge de 55 ans en 2001. En 2016, cette cohorte était formée de personnes âgées de 51 à 70 ans. D’ici 2021, la cohorte entière des baby-boomers aura passé l’âge de 55 ans; la croissance démographique devrait alors être plus modeste dans ce groupe d’âge.

Les personnes de 25 à 54 ans sont considérées comme le principal groupe d’âge actif, en raison de leur forte participation sur le marché du travail. La part de cette population a diminué, passant de 54 % en 2007 à 49 % en 2016, ce qui représente la proportion la plus faible enregistrée depuis le début de la compilation de statistiques comparables en 1976. Cette proportion devrait continuer à diminuer et pourrait s’établir à 46 % en 2026.

La part des personnes de 15 à 24 ans a également reculé de 2007 à 2016, passant de 17 % à 15 %. La proportion de jeunes sur le marché du travail n’a jamais cessé de diminuer après 1976, alors que les personnes de 15 à 24 ans représentaient plus du quart de la population en âge de travailler.

Article écrit avec les données de Statistiques Canada

 


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