La France est confrontée au plus grand déficit d’épargne intergénérationnelle

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Les systèmes de retraite à travers le monde subissent des pressions financières croissantes en raison de l’augmentation de l’espérance de vie, du vieillissement de la population et de la faible croissance économique. Une étude menée par l’ILC UK vise à explorer l’avenir de l’offre de retraite dans les pays à revenu élevé, compte tenu de l’évolution du paysage démographique et économique. L’ILC UK a mesuré et comparé les systèmes de retraite par rapport aux critères suivants:

1. Accessibilité future: la viabilité à long terme des dépenses publiques en matière de pensions.

2. Caractère futur: mesure dans laquelle les systèmes de retraite offriront un niveau de vie confortable à la retraite à ceux qui entrent sur le marché du travail aujourd’hui. Tout déficit anticipé est décrit comme un «écart d’épargne».

3. Equité intergénérationnelle: la mesure dans laquelle les futures générations de retraités seront moins bien loties à la retraite que les retraités actuels. Tout déficit anticipé dans ce domaine est décrit comme un « écart intergénérationnel »

Afin d’atteindre ces objectifs, l’ICL UK a procédé à une analyse des données de l’OCDE sur les systèmes de retraite des pays à revenu élevé et les a combinés aux résultats d’une enquête sur mesure des comportements d’épargne dans une sélection de pays et de régions.

Principales conclusions du rapport

Les systèmes de retraite sous la pression du vieillissement de la population

La persistance d’une croissance économique lente et d’un nombre croissant de personnes âgées a entraîné une pression croissante sur les dépenses des retraités publiques dans les pays développés. Si nous maintenons les droits actuels, cela implique des dépenses accrues pour les personnes âgées, mais à l’avenir, il y aura moins de travailleurs par rapport aux personnes âgées pour soutenir cette dépense. L’équilibre des dépenses publiques en matière de pensions et d’autres formes de sécurité sociale vieillesse est donc remise en question.

Face à ces pressions budgétaires et économiques, certains pays à revenu élevé réduisent déjà la générosité de la fourniture de l’État, tandis que d’autres prévoient de le faire dans un proche avenir. Mais si les individus ne sont pas en mesure de compléter la réduction de l’offre publique avec des revenus provenant de leur propre épargne-pension ou d’autres systèmes d’épargne collectifs, ils risquent de connaître des pertes de revenus importantes à la retraite.

Compter sur les seuls systèmes publiques ne sera pas suffisant pour une retraite décente.

Le rapport estime qu’une dépendance à l’égard de l’offre publique et des régimes de retraite obligatoires actuels ne suffira qu’à offrir des revenus de retraite adéquats dans 3 des 30 pays et régions que l’ILC a explorés pour ce rapport.

Il est probable que les individus doivent épargner le plus dans les pays les moins « riches ». Pour cette raison, Singapour et Hong Kong présentent des écarts d’épargne parmi les plus importants en ce qui concerne les montants nécessaires pour épargner en proportion des bénéfices. Le rapport estime qu’une personne de CSP moyenne devra épargner respectivement 12,5% et 15% de ses revenus pour vivre convenablement à la retraite. Ceci en dépit du fait que les deux territoires affichent déjà des taux d’épargne personnels élevés grâce aux systèmes de retraite qui les obligent à épargner.

De même, au Royaume-Uni, aux États-Unis et au Canada, les épargnants devront épargner entre 11% et 18% de leurs gains chaque année afin de se permettre une retraite confortable. Chacun de ces pays dispose d’une couverture de retraite privée relativement étendue. Cependant, une proportion importante de la population en âge de travailler n’économise pas pour la retraite, alors que bon nombre de ceux qui épargnent ne parviennent pas à épargner suffisamment.

Il existe un certain nombre de régimes de retraite qui cumulent à la fois une composante pension publique et une composante d’épargne retraite obligatoire ou quasi obligatoire. Les Pays-Bas sont un exposant intéressant de ce modèle – on ne prévoit pas de déficit de revenu de retraite pour les salariés en CSP moyennes. De même, le système de retraite du Danemark fonctionne bien, soutenu par des taux de cotisation élevés aux régimes de retraite professionnels obligatoires, avec de fortes cotisations patronales, ainsi que par des régimes volontaires supplémentaires.

Presque tous les pays développés font face à un écart d’épargne intergénérationnel

28 des 30 pays et régions explorés font face à un écart d’épargne intergénérationnel. Le montant moyen que les personnes qui entrent sur le marché du travail aujourd’hui devront épargner pour bénéficier du même revenu de retraite que celui des retraités actuels est d’environ 5 080 $ ou 12,6% des gains. Malheureusement, les comportements d’épargne actuels suggèrent que cela est peu probable. Même après avoir tenu compte de l’épargne attendue dans les régimes de retraite privés pour les pays où de tels régimes sont répandus, il est prévu que les vingt dernières années pèseront moins que les retraités actuels. Cela est vrai pour tous les pays de l’OCDE.

Si les salariés ne parviennent pas à épargner aux États-Unis et au Royaume-Uni, l’étude prévoit qu’ils feront face à un déficit intergénérationnel de plus de 10 000 $ par année (plus de 20% des revenus). Les comportements d’épargne anticipés aux États-Unis et au Royaume-Uni réduisent l’écart mais ne l’effacent pas complètement.

La France est confrontée au plus grand déficit d’épargne intergénérationnelle de tous les pays étudiés dans ce rapport (26% des gains). En effet, les retraités actuels bénéficient d’un revenu substantiel à la retraite par rapport à leurs revenus avant la retraite.

Comment soutenir des systèmes de pensions abordables qui procurent des revenus de retraite adéquats?

Augmenter la couverture de retraite privée et les contributions

Soutenir l’épargne généralisée dans les régimes de retraite professionnels est un pilier essentiel de tout système de retraite durable. Deux options de politique publique semblent particulièrement efficaces à cet égard, qui oblige les personnes à épargner selon les systèmes singapourien, hongkongais et français, et un autre qui «pousse» les gens à épargner selon le système d’inscription automatique du Royaume-Uni. Espérer simplement que les personnes vont économiser est peu susceptible d’être suffisant. Accroître la capacité financière en mettant de plus en plus l’accent sur la responsabilité personnelle en matière de planification de la retraite, les personnes devront comprendre les avantages de reporter la consommation à une date ultérieure, la valeur d’investir dans d’autres actifs que l’argent, l’importance de la diversification des actifs et les vertus d’acheter une forme d’assurance de longévité au moment de la retraite. Par conséquent, à long terme, l’augmentation de la capacité financière des individus sera très importante pour déterminer de bons résultats pour les consommateurs.

Utiliser les conseils et la technologie pour favoriser une meilleure prise de décision financière

Augmenter la capacité ne se produit pas du jour au lendemain. Cela doit être appuyé par un marché de conseils financiers qui fonctionne pour plusieurs et non pas quelques-uns, en conjonction avec de nouveaux modèles de conseil qui utilisent les avancées technologiques telles que l’intelligence artificielle pour rendre les conseils plus accessibles, compréhensibles et rentables. Enfin, il y aura toujours des personnes inertes qui ne feront rien face à des décisions complexes.

Faciliter une vie professionnelle plus longue

Bien que l’augmentation de l’âge de la retraite puisse être l’incitation la plus facile et la plus efficace à prolonger la vie active dans de nombreux systèmes de retraite, elle peut avoir des effets secondaires involontaires, notamment augmenter le nombre de personnes qui quittent la population active avant cet âge.

L’adoption généralisée de pratiques de travail flexibles pourrait aider à prévenir la retraite. Mais pour ceux qui abandonnent tôt, il peut y avoir un mélange de solutions du secteur public et du secteur privé, y compris des formes d’assurance-chômage, qui pourraient cibler spécifiquement ce groupe et servir de mécanisme de transition entre le départ anticipé et la retraite.

Réduire les inégalités

Certaines personnes peuvent avoir de longues périodes de chômage, d’inactivité ou de faibles revenus tout au long de leur vie professionnelle. Ils ne peuvent donc pas épargner pour une pension, ou s’ils le font, ils pourraient ne pas être en mesure de mettre beaucoup de temps à la retraite. De toute évidence, toute action visant à indemniser les personnes défavorisées devra être abordable à long terme, tout en s’inscrivant dans le cadre d’un cadre politique global qui incite à l’épargne. Cela exclut en grande partie une hausse de la valeur des prestations universelles pour les retraités, mais peut être compatible avec un système de soutien aux revenus plus généreux pour ceux qui ont des revenus faibles pendant leur vie professionnelle.

 


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