Grand-parentalité en Europe

Les grand-parents
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L’étude Share menée en Europe, il y a quelques années analyse le sujet des Grand-parents. Les grand-mères qui sont plus jeunes, en bonne santé et avec des petits-enfants plus jeunes sont les plus susceptibles de garder leurs petits-enfants.

Cependant, ce sont ces femmes que les gouvernements européens veulent encourager à rester sur le marché du travail plus longtemps, pour que nos économies continuent à se développer et financer les retraites, les services sociaux et les prestations sociales aux personnes à la retraite. Leur rôle vital mais invisible pour la garde des petits-enfants, que se soit quotidiennement, régulièrement ou occasionnellement, pose des risques pour leur propre avenir financier, surtout lorsque les prestations pour veuves disparaissent à la fois des régimes de retraite publiques et des régimes complémentaires. Qui va garder les enfants alors que ces femmes plus âgées restent sur marché du travail, et ne sont plus disponibles? Quel sera l’effet sur la participation sur le marché du travail des mères de famille?

En Europe, l’augmentation de l’espérance de vie fait qu’il est très commun pour un enfant de grandir alors que ses grands-parents et ses arrières grands-parents sont vivants. Les grands-parents ont toujours donné un support financier, émotionnel et pratique à leurs enfants et petits-enfants. Cependant, ce rôle a été pris pour acquis par les familles et les gouvernements, et les grands-parents ont peu de reconnaissance et peu de droits. Le vieillissement des populations, l’augmentation du nombre de mères sur le marché du travail et des taux plus élevés de divorce et de rupture familiales indiquent que le rôle des grands-parents dans la vie familiale est susceptible de devenir de plus en plus important.

Impacts de la réduction des budgets des pays européens

Dans beaucoup de pays les mesures d’austérité et les coupes dans les services publics vont sans doute augmenter la pression sur les grands-parents pour combler les lacunes de l’offre de services de garde formelle pour les enfants et de soins aux personnes âgées.

Cependant notre savoir est limité sur les grands-parents et comment les politiques sociales influencent leur rôle. Cette étude vise à répondre à ce manque de connaissances et éclaire le débat sur l’influence des politiques sur le rôle des grands-parents.

Au cours des deux prochaines décennies, un quart de la population dans de nombreux pays européens sera âgée de plus de 65 ans à cause de la baisse de la fécondité et de l’augmentation de l’espérance de vie moyenne. Le vieillissement de la population a mis l’accent sur la santé et le bien-être des personnes âgées, avec une attente que les hommes et les femmes âgées gardent un emploi rémunéré. Parallèlement, il y a souvent une supposition implicite que les personnes âgées continueront à jouer un rôle de soin vital au sein de leurs familles. Les grandsparents ont un rôle très important dans la garde des enfants, ce qui permet aux mères de conserver un emploi rémunéré. Ils peuvent aussi avoir besoin d’intervenir pour élever leurs petits-enfants dans des situations difficiles lorsque les parents sont incapables de le faire, par exemple pour cause de décès, de mauvaise santé physique ou mentale, d’abus de drogues ou d’alcool, ou d’emprisonnement.

Comment combiner ces rôles de soins informels avec un travail rémunéré est une thématique pertinente pour la politique publique, non seulement en ce qui concerne la famille et le marché du travail mais aussi fonds de retraites et politiques de retraites, et comprendre les inégalités au cours de la vie. Alors que nous venons à mieux comprendre le rôle des grands-parents en Europe, il est important de mettre en œuvre des politiques sociales qui contribuent au maintien de ces relations sociales importantes, complexes et potentiellement fragiles.

Le rôle majeur des grand-parents

L’étude Share montre qu’à travers l’Europe les grands-parents, et les grand-mères en particulier jouent un rôle majeur dans la garde intensive ou occasionnelle de leurs petits-enfants. Plus de 40% des grands-parents dans 11 pays Européens étudiés gardent leurs petits-enfants seuls, sans que les parents de l’enfant ne soient présents, tandis qu’en France 51% des grands-parents avec un petit-enfant de moins de 16 ans s’en occupent seuls (63% en Angleterre).

Les grand-mères qui sont plus jeunes, en bonne santé et avec des petits enfants plus jeunes consacrent plus de temps à la garde de leurs petits-enfants. Cependant, ce sont les mêmes femmes que les gouvernements européens veulent encourager à rester au travail plus longtemps, pour que nos économies continuent à se développer et pour financer les retraites. Leur rôle essentiel mais invisible pour la garde des petits-enfants, que se soit quotidiennement, régulièrement ou occasionnellement, est susceptible d’entrer en conflit avec leur propre capacité à autofinancer leur vieillesse, surtout lorsque les prestations pour veuves disparaissent des régimes de retraites publiques et des régimes de retraites complémentaires.

Comme aux Etats Unis, l’Angleterre et le Pays de Galles ont connu une augmentation de la prévalence des ménages a génération manquantes- c’est-à-dire des ménages constitués par les grands-parents et leurs petits-enfants mais sans les parents. Cette proportion est passée de 0,25% des adultes de 35 ans et plus vivant dans ce genre de ménages en 1981 à 0,42% en 2001. Ces ménages sont susceptibles de connaître la pauvreté et les inégalités. Aucun autre pays européen étudié jusqu’ici ne suit ce modèle.

Des différences importantes entre les pays Européens

L’étude Share montre des variations considérables dans les caractéristiques des grands-parents dans tous les pays européens étudiés. Les grands-parents français sont relativement jeunes et moins susceptibles d’avoir un travail rémunéré. En Angleterre, un grand-parent sur quatre (23%) âgé de 50 ans et plus a un emploi rémunéré, comparativement à une moyenne de juste un sur sept dans les 11 autres pays étudiés. Seuls le Danemark et la Suède ont un pourcentage plus élevé de grands-parents qui travaillent.

Alors que dans l’ensemble les grands-parents des pays Européens étudiés s’occupent beaucoup de leurs petits-enfants, il y a des variations frappantes dans l’intensité et la fréquence des soins fournis. En France, au Danemark, en Suède et aux Pays bas entre 50% et 60% des grands-parents gardent leurs petits-enfants, par rapport à seulement 40% des grands-parents dans les pays d’Europe du Sud. Toutefois, les grands-parents d’Europe du Sud gardent leurs petits-enfants de façon plus régulière et intensive, avec 20% des grands-parents en Italie qui gardent les petits-enfants tous les jours, comparativement à seulement 2% des grands-parents aux Pays Bas.

Dans l’ensemble des pays européens étudiés, les grands-parents qui gardent leurs petits-enfants on tendance à être plus jeunes, à avoir un niveau éducatif plus élevé, à être en meilleure santé, et à avoir leur dernier petit-enfant âge de moins de 6 ans.

Les différentes caractéristiques des grands-parents dans différents pays (comme l’âge et le statut matrimonial) expliquent en partie les différences de garde des grands-parents à travers les 12 pays européens étudiés. Cependant, il y a aussi des différences significatives entre pays. L’étude constate que les différentes politiques familiales sont associées à différents modèles de garde des petits-enfants.

Dans les pays tels que la Suède ou le Danemark (et dans une moindre mesure, la France) les parents sont appelés à travailler à temps plein, les gardes d’enfants formelles sont largement disponibles, et il y a des allocations de maternité généreuses et un soutien aux mères au foyer. Dans ces pays, les grand-mères jouent un rôle beaucoup plus limité dans la garde d’enfant intensive, mais sont toujours impliquées dans la garde occasionnelle et moins intensive de leurs petits-enfants.

Au Portugal, en Espagne, en Italie et en Roumanie, où les paiements d’aide aux parents et aux mères au foyer sont limités, il y a peu de structures formelles et peu d’opportunités pour les femmes de travailler à temps partiel, les grands-parents s’occupent de façon très intensive de leurs petits-enfants. En outre, dans ces pays, les mères qui travaillent font des semaines de plus de 40 heures, et comme il y a peu de garde d’enfant au prix abordable, elles comptent d’avantage sur les grandsparents. Avec l’exception de la Roumanie, dans ces pays, il y a un rôle moindre des grands-parents dans la garde d’enfant occasionnelle ou moins intensive sans la présence des parents.

Au Royaume-Uni, en Allemagne et aux Pays Bas, l’aide publique aux familles est variée mais moins universelle, la provision de garde d’enfant est inégale et souvent fournie par le secteur privé plutôt que par l’Etat, et la norme est pour les femmes de travailler à temps partiel. Dans ces pays, les grands-parents jouent un rôle moyen pour la garde d’enfants intensive et occasionnelle/moins intensive. Une plus petite proportion des mères qui travaillent ont de longs horaires, se qui expliquent un besoin moindre pour la garde intensive par les grands-parents. Aux Pays Bas, qui est de loin le pays où le plus de mères travaillent à temps partiel et où très peu de mères travaillent à temps plein, et les structures formelles sont très répandues, il y a très peu de garde d’enfants par les grands-parents.

En général, les pays ayant la plus faible utilisation des services de garde formelle, comme la Hongrie, Le Portugal ou la Roumanie, ont les pourcentages les plus élevés de grand-mères qui s’occupent de façon très intense de leurs petits-enfants. En contre partie, dans les pays avec les taux d’usage les plus élevés il y a très peu de garde d’enfants intensive par les grands-parents.

Dans les pays avec des pourcentages plus élevés de femmes plus âgées au travail, les grand-mères sont moins impliquées dans la garde de leurs petits-enfants.

Étant donné que les grands-mères âgées de 50 à 69 ans qui n’ont pas de travail rémunéré sont les plus susceptibles de fournir des services de garde, les plans des gouvernements européens pour augmenter l’âge de la retraite et accroître la participation des femmes sur le marché du travail à un âge avancé sont susceptibles d’entrer en conflit avec le rôle des grands-parents dans la garde des petits-enfants. Cela aura des conséquences importantes pour la participation sur marché du travail par les jeunes mères, ainsi que pour l’acquisition des retraites et la sécurité financière des femmes d’âge moyen.

Article réalisé avec les éléments de l’étude Share