Espérance de vie : les deux Allemagne ont-elles convergé depuis la réunification ?

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La partition de l’Allemagne en 1949 avait conduit les espérances de vie des parties est et ouest du pays à diverger. Markéta Pechholdová, Pavel Grigoriev, France Meslé et Jacques Vallin nous éclairent, dans la revue « Population & Société » de l’Ined, sur les facteurs de cette divergence puis des nouvelles tendances observées depuis la réunification en comparant l’évolution de la mortalité par causes de décès dans les deux Allemagne.

Allemagne de l’Est et Allemagne de l’Ouest ont vécu séparément de 1949 à 1989. En dépit d’un  développement plus favorable en Allemagne de l’Ouest, les espérances de vie des deux Allemagne n’ont commencé à diverger qu’au milieu des années 1970. Au moment de la réunification (1990), l’écart d’espérance de vie était à son maximum : 3,4 ans pour les hommes et 2,8 ans pour les femmes. Une phase de convergence s’est alors engagée. En 2013, la différence n’était plus que de 1,3 an chez les hommes et avait presque disparu chez les femmes (0,17 an).

Même si le rattrapage n’est pas tout à fait complet pour les hommes, l’amélioration du système de santé et les changements de comportements individuels ont permis à l’Allemagne de l’Est de combler l’essentiel de son retard. L’étude de l’évolution des causes de décès éclaire d’un jour nouveau le déroulement des processus de divergence puis de convergence.

Les maladies cardiovasculaires ont été les premières causes de décès dans les deux Allemagne pendant toute la période étudiée ici,  1980 et après,  la mortalité cardiovasculaire tendant à diminuer des deux côtés. Mais sa baisse a été plus lente à l’est qu’à l’ouest entre 1980 et 1989, et à l’inverse, plus rapide à partir de 1990. La mortalité cardiovasculaire a été le principal facteur de divergence des espérances de vie entre l’Allemagne de l’Est et l’Allemagne de l’Ouest durant leur séparation comme de convergence après leur réunification.

La comparaison avec la République tchèque voisine, qui a connu un régime communiste puis son abandon, comme l’Allemagne de l’Est, est instructive. Les femmes tchèques qui n’étaient pourtant qu’à faible distance des Allemandes de l’Est en 1989-1990 ont certes un peu réduit leur écart avec les Allemandes de l’Ouest dans les années qui ont suivi, mais depuis dix ans elle ne font guère que maintenir à peu près constante cette distance. La réunification de l’Allemagne a donc ajouté un plus par rapport à ce que le simple abandon du régime communiste a permis aux pays d’Europe centrale de réaliser. Et on constate la même chose à propos des hommes, même si les Allemands de l’Est semblent peiner dans les dernières années à rejoindre complètement leurs concitoyens de l’Ouest.

 


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