Comment s’adapter au vieillissement des sociétés ?

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L’augmentation de l’âge moyen de la population ne représente pas forcément une charge pour la société ; c’est aussi une formidable occasion d’enrichir les communautés et le monde en général. Les pouvoirs publics et les autorités locales s’emparent de plus en plus de cette opportunité qu’est la longévité pour repenser les infrastructures sociales – et de nouveaux domaines de normalisation prêts à soutenir cette démarche se profilent.

Par Clare Naden pour l’ISOfocus 121

Nous ne rajeunissons pas et la population mondiale non plus. Le nombre de personnes âgées a explosé ces dernières années et, bientôt, la notion de « sociétés âgées» sera une réalité. Ainsi, d’ici 2050, de nombreux pays où les plus de 65 ans représenteront plus de 21% de la population devraient entrer dans la catégorie des «sociétés super-âgées», et d’ici 2030, à l’échelon mondial, le nombre de personnes âgées de 60 ans et plus aura augmenté de 56%1). L’adaptation à cette évolution soulève des enjeux économiques, sociaux et politiques, et risque d’augmenter la dépendance des seniors vis-à-vis des personnes en âge de travailler.

Régulièrement, des scénarios apocalyptiques sont évoqués: pénuries de main-d’œuvre, effondrement financier des régimes de retraite et de santé, problèmes d’isolement et d’insécurité. En vérité, le vieillissement va considérablement modifier la manière dont les sociétés et les économies fonctionnent, et cela concerne aussi la façon dont les adultes plus âgés s’épanouissent, l’âge auquel ils partent à la retraite et leur qualité de vie dès lors qu’ils ne travaillent plus. À cela, il convient d’ajouter les pressions qui pèsent sur les sociétés en termes de soins de santé, de sécurité sociale et d’accessibilité, qui réclament des solutions novatrices dans des domaines aussi variés que les infrastructures urbaines ou la vie en collectivité, permettant à chacun de tirer parti de ce que nos aînés ont à offrir. Alors que nous entrons dans une époque où de plus en plus de personnes vivront plus longtemps, il convient de se demander si le «fardeau» que représente le troisième âge est supportable, voire réel, et comment nous pouvons gérer le changement et saisir les opportunités qu’offre notre évolution démographique. La réponse pourrait venir de la normalisation, un outil puissant pour soutenir l’adaptation des produits, des services et des environnements aux besoins des populations vieillissantes.

Déverrouiller le capital social

Le vieillissement mondial est souvent vu comme l’un des risques les plus importants pour la prospérité mondiale. Pourtant, selon Malcolm Fisk, Directeur de recherche à l’université De Montfort, à Leicester au Royaume-Uni, qui participe activement à plusieurs projets visant à combattre l’âgisme, le fait qu’un nombre croissant de personnes vivent au-delà d’un certain âge est une véritable aubaine. «Les personnes âgées forment un groupe d’individus compétents et expérimentés» explique-t-il. «Leur capacité d’adaptation est immense. Elles doivent en effet faire face à la perte de revenus (lors du départ à la retraite), au deuil, au handicap [et] aux préjugés.»

Certes, le vieillissement est un défi pour les infrastructures publiques dans le monde, mais la bonne nouvelle, c’est que si les décideurs et les dirigeants politiques anticipent correctement les changements, nous avons de fortes chances de tirer parti des avantages potentiels de cette tendance au vieillissement – en exploitant par exemple l’immense capital social des aînés – tout en évitant ses écueils. Les récentes tendances démographiques indiquent que la plupart des pays devraient s’attendre à une forte hausse du nombre de personnes âgées dans les décennies à venir. Bien que le Japon soit réputé être le pays dont la population est la plus âgée au monde, ce sont les pays moins développés qui connaissent une évolution démographique spectaculaire. Pour faire face à ce phénomène mondial, il convient d’adopter des mesures multisectorielles dans tous les pays pour veiller à ce que les aînés puissent participer activement à la vie économique, sociale, culturelle et politique de leur société. Le fait de comprendre leurs propres tendances démographiques permet aux autorités gouvernementales d’anticiper les besoins futurs de leur population plus âgée et de prendre les devants en mettant en place des politiques et des programmes garantissant le bien-être et la pleine intégration socio-économique des aînés. Elles sont ainsi en bien meilleure position pour préserver la solvabilité budgétaire des régimes de retraite et de santé, et promouvoir la croissance économique.

La politique dite des «Abenomics» en est un bon exemple. En effet, les mesures annoncées en 2015 par le gouvernement japonais visent à renforcer le système de sécurité sociale et à mettre en place un système de soins communautaires intégrés, pour permettre aux personnes âgées de vivre de façon indépendante durant le reste de leur vie – avec, au besoin, un soutien. À une échelle plus locale, il existe divers programmes destinés à protéger les seniors et leur permettre de participer et d’être productifs. Par exemple, le Réseau mondial OMS des villes et des communautés amies des aînés reprend différentes initiatives comme celle du Département des transports de la ville de New York, où le programme Safe Streets for Seniors (Des rues plus sûres pour les seniors) a permis de revoir 7600 intersections dangereuses et de faire chuter de 21% le nombre de décès de piétons.

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