Alain Monteux : la Téléassistance un droit pour tous, pour un modèle vertueux de prévention et prise en charge.

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Dans une société qui vieillit, la prévention de la perte d’autonomie est la clé d’une transition démographique réussie. Pourtant le taux d’équipement global en téléassistance de la population française plafonne depuis des années à 10 % des plus de 75 ans. C’est un score très inférieur à celui de nos voisins européens (36% au Royaume-Uni, 26% en Suède et 19% en Espagne). Or, la Téléassistance est le meilleur système pour contribuer à la limitation de la gravité des chutes des seniors participant ainsi à un désengorgement des services d’urgence et à une diminution des dépenses de santé.

Par Alain Monteux, président de Tunstall Vitaris

Les enjeux de la téléassistance, lutter contre les chutes graves et désengorger les urgences.

Les chutes sont un fléau pour les personnes en situation de fragilité (seniors et handicapés). Chaque année, elles tuent trois fois plus de Français que les accidents de la route et sont à l’origine de 450 000 hospitalisations d’urgence. La téléassistance peut y remédier en alertant les secours plus rapidement et en offrant une meilleure prise en charge. Elle permet de sécuriser les personnes fragiles vivant seules chez elles en leur offrant la possibilité de joindre une centrale d’écoute et d’assistance accessible 24h/24 et 7j/7. Si la situation l’exige, ou si le bénéficiaire n’est pas en mesure de parler et que la procédure de levée de doute mise en œuvre a conclu à sa nécessité, une intervention (proches en priorité ou service de secours si besoin) est immédiatement déclenchée.

Mais la téléassistance permet surtout de libérer les services d’urgence concernés (SDIS et SAMU). Le Département du Calvados a créé, pour la première fois en 2019, un marché public pour la téléassistance. Auparavant les Services Départementaux d’Incendie et de Secours (SDIS) assuraient la prise en charge directement. Aujourd’hui les alertes sont gérées par la centrale d’écoute et d’assistance de Vitaris, basée au Creusot en Bourgogne. Les chargés d’écoute sont formés au diagnostic, à la levée de doute ainsi qu’à l’accompagnement des personnes âgées et à l’assistance psychologique. Dans plus de 8 cas sur 10, l’alerte lancée par le bénéficiaire ne nécessite pas une intervention à son domicile mais requiert simplement une écoute bienveillante et professionnelle afin de rassurer et d’apaiser. De manière globale, moins de 2% des appels reçus donnent lieu à un déplacement des services de secours.

Développer un droit à la téléassistance pour tous grâce à une politique sociale volontariste.

Le taux d’équipement en téléassistance est plus élevé dans les départements qui ont mis en œuvre un marché public pour ce service. En France, 37%1 des Français abonnés à la téléassistance le sont via un service issu d’un marché public et donc d’une politique publique. Il est possible de mettre en place des services pouvant d’adapter à chaque besoin sans que le coût soit un frein. En effet, il existe des solutions bénéfiques pour les usagers tout en restant supportable pour les finances du département et avec une haute qualité de service.

L’exemple de la Haute-Garonne qui a mis en place un marché public avec une solution à deux niveaux est parlant. Le service de téléassistance est gratuit pour le bénéficiaire avec un abonnement pris en charge en intégralité par le département. Il comporte l’installation des équipements de téléassistance au domicile du bénéficiaire, l’accès permanent à la centrale d’écoute et d’assistance, une assistance psychologique et la diffusion de messages vocaux de prévention (canicule, grand froid, etc.) avec des exigences de qualité élevées. Pour ceux qui ont besoin d’une offre enrichie en adéquation avec leur besoin, l’offre peut être complétée avec des services optionnels payants et à la charge du bénéficiaire. Par exemple : un téléphone mobile adapté, des détecteurs pour sécuriser le logement et la personne (chutes, fumée, gaz, etc.), un chemin lumineux ou une boîte à clé. Ainsi tous les usagers bénéficient d’une offre gratuite personnalisable sans pour autant peser plus lourdement sur les finances de la collectivité.

Le Département de l’Essonne a dernièrement revu sa politique et a mis en place, depuis fin 2019, un mode de prise en charge équivalent avec une offre gratuite pour les bénéficiaires enrichies d’innovations techniques pour répondre à des besoins particuliers. Plus au Sud, l’exemple de la Catalogne en Espagne démontre qu’il est possible de mettre en place des niveaux de solutions adaptées pour chaque typologie de bénéficiaires, avec un coût moyen raisonnable, identique pour tous et pris en charge à 100% par la région.

En plus d’offrir une meilleure prise en charge des personnes en situation de fragilité, la téléassistance permet aussi une diminution des appels aux services de secours, des envois aux urgences, des séjours hospitaliers, et donc une meilleure focalisation de chacun sur ses missions. Et bien évidemment permet une baisse du coût global de prise en charge par la collectivité et contribue fortement au souhait de chacun de vivre libre chez soi.

Cependant c’est par une véritable volonté politique de la part des élus que la téléassistance pourra se développer en France. Et c’est grâce à elle que nous pourrons offrir une meilleure autonomie aux personnes concernées. Conscient de ces gains pour la collectivité, la téléassistance a été décrétée comme un droit pour tous en Espagne². A quand le même droit en France ?

1 Chiffres issues des données à parution des différents appels d’offres publics pour mise en place de services départementaux de téléassistance.
² Selon la loi du 14 décembre 2006, sur la promotion de l’autonomie personnelle et des soins aux personnes en situation de dépendance.

 


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