Les baby-boomers vieillissants recherchent des soins High-Tech

Mais on ne sait toujours pas si les législateurs créeront des initiatives de recherche et développement ciblées qui, selon certains observateurs, manquent cruellement dans ce domaine.


La population mondiale de 600 millions de personnes âgées doublera pour atteindre 1,2 milliard dans une vingtaine d’années. Avec seulement 35 millions de personnes âgées, les États-Unis dépensent déjà 16 % de leur produit intérieur brut dans les soins de santé, un chiffre qui devrait atteindre 25 % d’ici 30 ans, selon le président d’Intel Corp., Craig Barrett, qui a prononcé le discours d’ouverture de la conférence de Washington.


« Il s’agit d’une période rêvée pour rassembler le gouvernement, les professionnels des soins de santé, l’industrie et le milieu universitaire en vue d’accélérer l’innovation et les investissements destinés à ce problème national crucial », a expliqué Craig Barrett aux 1 200 délégués. « Aucune société, aucune industrie, aucun pays ne peut se permettre d’ignorer l’impact social et économique que cette vague de population vieillissante va créer. »


« Un raz-de-marée démographique est en cours et nous savons qu’il arrive », a déclaré Eric Dishman, gestionnaire de groupe au sein de la division santé numérique que vient de créer la société Intel. La division, dirigée par Louis Burns, devrait lancer dès janvier sa première plate-forme OEM pour le marché des soins de santé à domicile.


Dishman est également président du Center for Aging Services Technologies (CAST), un groupe de 400 membres co-fondé par Intel en 2003 avec l’American Association of Homes and Services for the Aging. Avec le financement de plusieurs universités et sociétés, y compris Honeywell, IBM et Medtronic, CAST promeut l’utilisation de technologies dans les soins de santé destinés aux seniors. Le groupe a financé près de 50 démonstrations lors de la conférence de la Maison Blanche, qui s’est déroulée du 12 au 14 décembre.


Des temps difficiles à venir


Des systèmes conçus pour aider les personnes âgées à vivre de manière autonome élargissent les limites d’une large gamme de technologies, notamment les réseaux de capteurs, l’intelligence artificielle, la robotique, les services basés sur la localisaton géographique, les interfaces utilisateurs ainsi que la confidentialité et la sécurité. Selon les chercheurs, il reste beaucoup de travail à faire dans tous ces domaines pour répondre aux besoins des personnes âgées, mais les ingénieurs devront travailler en collaboration avec les prestataires de services, le personnel soignant, les utilisateurs et les législateurs pour créer des innovations vraiment utiles.


« Nous sommes confrontés à une abondance d’inventions, mais à une pénurie d’innovations », a déclaré Joseph Coughlin, directeur du laboratoire sur le vieillissement au Massachusetts Institute of Technology et conseiller à la conférence de la Maison Blanche. « Nous n’avons pas seulement besoin de capteurs de la dernière génération, mais également d’une approche système nationale » pour appliquer ces technologies.


Dans une audition devant le Congrès en 2004, Joseph Coughlin a appelé les législateurs à créer des encouragements fiscaux pour stimuler la croissance de la recherche et développement en matière de techniques d’assistance aux seniors. Selon les chercheurs, le gouvernement n’a jusqu’à présent pas suffisamment focalisé son attention dans ce domaine.


« En règle générale, les financements dans ce domaine semblent extrêmement difficiles à obtenir », a commenté Martha E. Pollack, professeur d’ingénierie électronique et d’informatique à l’Université du Michigan. « Ce domaine d’application semble tomber entre les mailles des filets d’organismes administratifs qui ne travaillent pas sur les problèmes de santé, comme la National Science Foundation, et d’administrations d’Etat spécialisées dans les soins de santé qui ne financent pas la recherche technologique. »


Au cours de l’année passée, la Defense Advanced Research Projects Agency (Darpa) a subventionné des petites entreprises effectuant des recherches sur les soins de santé destinés aux anciens combattants. La Darpa a également commandité un groupe de travail exploratoire sur les technologies de soins aux anciens combattants atteints de lésions cérébrales traumatiques, mais aucun programme de plus grande portée n’a émergé jusqu’à présent, selon Martha Pollack.


Dans une présentation devant le Congrès l’année dernière, Martha Pollack a suggéré aux législateurs de créer un programme de co-financement impliquant, d’une part, la NSF et, d’autre part, le National Institute on Biomedical Imaging and Bioengineering ou le National Institute on Aging, « pour fournir une source de soutien stable à la recherche sur les technologies d’assistance à une population vieillissante ».


« Il reste toujours à faire un travail de fond [dans ce domaine], et celui-ci doit être effectué par des équipes multidisciplinaires qui incluent non seulement des experts informatiques, des roboticiens et des ingénieurs électriques et mécaniques, mais aussi des psychologues, des médecins, des infirmières, des ergothérapeutes, des experts de la protection de la vie privée et des représentants de l’ensemble des prestataires de soins », a-t-elle déclaré.


La conférence de la semaine dernière s’est terminée sans une volonté marquée pour cet élargissement des programmes de recherche et développement. « L’objectif principal était de faire progresser le soutien et la recherche en matière de solutions informatiques dans le domaine des soins de santé afin d’améliorer le bien-être d’une population vieillissante », a déclaré Joseph Coughlin.


Bien qu’aucun programme de recherche et développement spécifique n’ait été proposé, « la technologie a joué un rôle important à la conférence », a-t-il dit. « Les gens commencent à voir ce marché comme une opportunité. »


« La technologie sera l’héritage de cette conférence », a prédit Thomas Gallagher, président de Greylock Group Inc. et autre conseiller nommé par la Maison Blanche pour traiter ce problème.


Parmi les 50 résolutions principales votées par les délégués, figure une recommandation visant la multiplication des encouragements à utiliser à bon escient les technologies de l’information dans le domaine des soins de santé, a remarqué Eric Dishman de la société Intel. Bien que les recommandations du groupe ne soient pas encore finalisées, il s’attend à ce qu’elles incluent également une demande de création d’une commission nationale destinée à stimuler l’innovation, la recherche et développement pour améliorer les conditions de vie du troisième âge, ainsi qu’un appel à encourager le déploiement à grande échelle de technologies de « télésoins ». Celles-ci regroupent les télécommunications, l’informatique et l’éducation de santé traditionnelle pour améliorer la qualité et l’efficacité des soins de santé.


La division de santé numérique d’Intel a pour mission d’ouvrir la voie vers de nouvelles utilisations, de nouveaux utilisateurs et de nouvelles plates-formes d’électronique médicale à une industrie informatique qui fait peu de recherche et développement interne. Le groupe Health Research & Innovation d’Eric Dishman a développé, à ce jour, au moins trois systèmes prototypes et essaie de prouver aux médecins et aux compagnies d’assurances que de tels systèmes auront un impact positif sur les soins de santé. La fourniture de telles preuves est une pièce essentielle du puzzle de nouveaux produits dans l’électronique médicale.


Jusqu’à présent, le groupe a utilisé des appareils domestiques existants, tels que le téléphone, la télévision et les micro-ordinateurs. « En ce moment, nous cueillons les fruits sur les branches les plus basses avec des technologies standard », a déclaré Eric Dishman.


Plates-formes de télémédecine


Mais ce groupe a déjà donné naissance, au sein d’Intel, à un groupe de plates-formes de soins personnels qui souhaite annoncer bientôt des plates-formes de soins à domicile robustes pour des applications de télémédecine permettant aux professionnels de la santé de diagnostiquer et de traiter les patients à distance. La division santé d’Intel, qui n’a pas encore annoncé l’étendue de ses projets, héberge également un groupe travaillant sur les règlements et les normes.


La division de soins numériques a été créée il y a cinq ans lorsqu’une initiative des médias de loisirs a communiqué des résultats intéressants dans le cadre de ses études ethnographiques globales. « Lorsqu’on a demandé aux gens ce qu’ils voulaient », a déclaré Eric Dishman, « leurs réponses ne portaient pas sur le futur de la télévision, mais sur ‘Comment pouvez-vous m’aider à prendre soin de mes parents vieillissants ?’ »


Cela a engendré la création d’un laboratoire de santé dans le groupe de recherche et développement d’Intel qui a commencé à travailler sur des concepts de systèmes pilotes. La semaine dernière, pendant la conférence, le groupe d’Eric Dishman a présenté trois systèmes issus de ces travaux : un système pour garder les malades d’Alzheimer socialement actifs, un test effectué à domicile pour suivre les patients souffrant de la maladie de Parkinson et un système automatisé pour s’assurer que les personnes âgées prennent bien leurs médicaments.


Parallèlement, Intel a lancé une étude de cinq ans au sein de 300 foyers pour déterminer les facteurs qui sont les meilleurs indicateurs prévisionnels de la démence précoce.


« Le centre de gravité des soins de santé s’est déplacé depuis quelque temps, pour passer de l’hôpital et du cabinet du médecin au foyer du patient et à l’individu », a conclu Joseph Coughlin, du MIT.


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