Québec: Le vieillissement de la population contribue à la popularité croissante du bricolage

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Inspirés par les émissions de déco-réalité et les magazines de décoration, les propriétaires ont la fièvre du bricolage. Ils profitent des fins de semaine pour poser un nouveau plancher ou repeindre la cuisine. Ils favorisent les projets relativement faciles, qui seront réalisés en peu de temps.


;«C’est un passe-temps très populaire, constate Michael McLarney, éditeur du bulletin en ligne Hardlines, qui s’adresse à l’industrie de la rénovation résidentielle. Il y a tellement de nouveaux produits que les consommateurs ont le goût de changer leur décor plus souvent. Ils se laissent tenter par de nouveaux robinets ou un comptoir de granit. Plutôt que de rénover leur cuisine tous les 25 ans, comme jadis, ils font maintenant des changements après huit ou neuf ans.»


Le vieillissement de la population contribue à la popularité croissante du bricolage, estime Sylvain Morissette, de chez Rona.

«Les retraités ont du temps pour faire leurs projets de rénovation, dit-il. Ils achètent des résidences secondaires et réalisent certains travaux eux-mêmes. Plusieurs auraient engagé un technicien spécialisé, mais ils se lassent d’attendre, se renseignent et découvrent qu’ils peuvent faire les travaux eux-mêmes. Avec les économies réalisées, ils entreprennent autre chose.»

Se relevant les manches, ils installent les armoires de cuisine et les moulures eux-mêmes. Le gypse et la peinture n’ont plus de secrets pour ces bricoleurs, qui osent de plus en plus se mettre au défi.

«Ce marché, très important, est en croissance», dit Sylvain Morissette, directeur des communications chez Rona. Selon un sondage maison mené il y a deux ans, 63% des Canadiens se qualifient de bricoleurs. Les femmes se passionnent aussi pour ce genre d’activité. Plus de 30% d’entre elles estiment appartenir à cette catégorie.


Bricoleurs en herbe et chevronnés se documentent avant d’entreprendre leurs travaux. «Une personne sur deux vient au magasin avec des copies d’imprimantes tirées de notre site Web, qui attire chaque mois 500 000 internautes», constate M. Morissette.

La prolifération des émissions de téléréalité est révélatrice. Une chaîne spécialisée américaine, DIY (Do It Yourself), s’adresse même expressément aux bricoleurs qui veulent savoir, étape par étape, comment réaliser divers projets. Dérivée de la chaîne HGTV (Home and Garden Television), elle connaît un succès croissant.

Le Québec aussi a contracté la fièvre du bricolage. Des émissions comme Ma maison Rona, au réseau TVA, et Décore ta vie, au Canal Vie, suscitent beaucoup d’intérêt.

Il y a une dizaine d’années, l’arrivée des vastes centres de rénovation comme Home Depot et Réno-Dépôt a attisé une passion qui existait déjà. «Ils ont fait sentir aux consommateurs qu’ils pouvaient réaliser eux-mêmes leurs projets, dit Michael McLarney. Ils donnent des idées et montrent comment s’y prendre au moyen d’ateliers et de démonstrations.»

On n’a plus les quincailleries qu’on avait. Boulons et vis, accessoires de salles de bains, lampes et catalogues de papiers peints se retrouvent sous le même toit.

«Les bricoleurs sont encore notre clientèle cible, indique Bruno Olivieri, directeur du magasin Home Depot situé à Greenfield Park. Nous mettons tout en oeuvre pour leur faciliter la tâche.»

Depuis les attentats du 11 septembre 2001, l’industrie de la rénovation est d’ailleurs florissante. «Beaucoup de Canadiens hésitent à prendre l’avion, explique M. McLarney. Plutôt que d’emmener leur famille à DisneyWorld, ils préfèrent se construire une terrasse ou se doter d’un cinéma maison. Ils transforment leur maison en un lieu où il fait bon vivre.»

Les bricoleurs se divisent en deux catégories. Il y a les passionnés, qui se réalisent à travers leurs projets. Et il y a les pratico-pratiques, qui se mettent au travail pour économiser de l’argent.

Dany Sylvain est un mélange des deux. Se décrivant humblement comme un bricoleur du dimanche, il métamorphose peu à peu la maison de ville qu’il vient d’acheter avec sa conjointe, Claire Charbonneau, à Bois-des-Fillion. Il a installé du plancher stratifié au sous-sol, au rez-de-chaussée et à l’étage. Il a également posé de la céramique dans la cuisine. Sa conjointe, qui manie très bien le pinceau, l’a aussi épaulé quand est venu le temps de poser les moulures dans la cuisine et le salon.

«Nous faisons des travaux légers, à temps perdu, explique-t-il. Cela nous coûte moins cher et nous avons la satisfaction d’avoir fait beaucoup de choses nous-mêmes.»

Le coût très élevé et la rareté de la main-d’oeuvre spécialisée incitent plusieurs propriétaires à mettre la main à la pâte, croit Yves Perrier, expert-conseil en habitation et webmestre du site guidesperrier.com.

«Plusieurs ne réussissent pas à trouver quelqu’un pour faire leurs petits travaux et décident de les réaliser eux-mêmes», dit-il.

;De projet en projet, les bricoleurs s’enhardissent. Ils se découvrent de nouvelles habiletés, qu’ils mettront à profit un jour ou l’autre. Ce ne sont pas les idées qui manquent.


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