Les Canadiens qui viendront un jour grossir sensiblement les rangs des aînés sont les mêmes qui, lorsqu’ils étaient nourrissons, ont créé une demande sans précédent de couches, d’aliments pour bébé, de landaus et de berceaux. Ce sont également eux qui ont ensuite rempli les écoles à capacité, surchargeant ainsi le système d’éducation du Canada. Diplômes en main, ils ont inondé le marché du travail et généré une forte demande d’automobiles, de maisons familiales et d’électroménagers. Nées de 1946 à 1966, ces personnes forment une génération si nombreuse que, pendant des décennies, elles ont collectivement beaucoup influencé l’économie, la société et la politique du Canada. Le nombre de ces enfants de l’après-guerre était si élevé que, malgré les faibles taux de fécondité qu’ils ont eux-mêmes enregistrés durant leur période de procréation, la naissance de leurs propres enfants a provoqué, comme par un « effet d’écho », un mini baby-boom.
En 1961, le baby-boom allant bon train, 8 % de tous les Canadiens étaient âgés de 65 ans et plus. Cette proportion est passée à 13 % en 2002. On prévoit même qu’elle atteindra les 21 % en 2026, ce qui veut dire qu’il y aura environ 7,7 millions de personnes âgées au Canada.
On observe aussi le vieillissement de la population dans d’autres pays développés. Les chiffres des Nations Unies de 1999 montrent que la proportion d’aînés au Canada est plus faible qu’en France, en Allemagne, en Italie, au Royaume-Uni et au Japon, mais semblable à celle enregistrée aux États-Unis. Des pays moins développés que le Canada, comme le Chili, le Mexique et le Paraguay, ont des proportions beaucoup moins élevées de personnes âgées. Sous l’effet durable du baby-boom, on prévoit que la population du Canada vieillira plus vite que celle de la plupart des pays occidentaux au cours des prochaines années.
À l’approche du troisième âge, les membres de la génération du baby-boom devraient vivre une retraite plus aisée que celle qu’ont connue leurs parents. Les aînés voient leur situation économique s’améliorer même si, de façon générale, ils ont des revenus inférieurs à ceux des Canadiens d’âge actif. En 2001, le revenu des personnes âgées était de 27 % plus élevé en dollars constants qu’en 1981. Puisque le nombre d’aînés ayant un revenu discrétionnaire augmente, on commence à offrir des biens et des services plus spécialisés, par exemple des habitations au sein de quartiers aménagés spécialement pour les retraités, des cercles de loisirs et des voyages organisés selon leurs exigences. Par ailleurs, la retraite ne mène plus forcément à un mode de vie sédentaire.
Évidemment, la capacité de mener une retraite active est étroitement liée à l’état de santé de la personne. En 2000-2001, près de 13 % de la population âgée de 12 ans et plus souffrait d’hypertension artérielle, comparativement à 39 % des personnes de 65 ans et plus. Néanmoins, en 2000, plus de 70 % des personnes âgées de 65 ans et plus ont qualifié leur état de santé de bon, de très bon ou d’excellent.
Près de 30 % des personnes âgées vivaient seules en 2001. Un peu moins de 2 % vivaient avec des personnes non apparentées. Les autres vivaient avec un conjoint ou d’autres parents. Lorsque les aînés ont déménagé, c’était le plus souvent parce que leur domicile était devenu trop grand, qu’ils avaient pris leur retraite, qu’ils avaient des problèmes de santé ou qu’ils désiraient vivre à proximité de lieux de divertissements et de loisirs. Les personnes âgées déménageaient rarement à plus de 10 kilomètres de leur ancien domicile.