Réforme des systèmes de santé : les pistes de l’OCDE

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Comment rendre plus performants les systèmes nationaux de santé ? Réunis à Paris, dans le cadre du Forum OCDE 2004, les ministres de la Santé des pays membres de l’OCDE et plusieurs experts ont tenté de répondre à cette question devenue prioritaire pour les trente pays membres de l’association et pour l’ensemble des nations riches.


Aux mêmes causes, les mêmes conséquences. Confrontés à une forte croissance des dépenses liée à la santé (5 % du PIB en 1970 ; 8,3 % en 2001), les pays membres de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) cherchent à partager leurs expériences pour maîtriser cette inflation et la rendre plus supportable.


D’autant que les progrès médicaux, le vieillissement de la population et l’élévation du niveau de vie de celle-ci pourraient conduire la part des dépenses de santé dans le produit intérieur brut (PIB) à progresser encore de trois points d’ici à 2050. « Une évolution somme toute logique, puisque les pays riches tendent naturellement à dépenser davantage pour la santé », estime pour sa part, Jean-Pierre Garnier, président de GlaxoSmithKline (GSK), n°2 mondial de la pharmacie.


OPTIMISER LES RESSOURCES


L’objectif des ministres de la Santé des pays membres de l’OCDE est donc triple : améliorer la qualité et la sécurité des soins, assurer un accès équitable et en temps voulu aux soins nécessaires et optimiser l’utilisation des ressources. Ressources qui, aujourd’hui, proviennent pour les trois quarts des fonds publics, et alors même que la diminution de la proportion d’actifs rend toujours plus difficile la situation des finances publiques. Toutefois, la solution ne saurait passer par « un rationnement des soins et un contrôle des prix qui ne seraient bons ni pour les industriels, ni pour les pays », juge Henry McKinnel, président de Pfizer, n°1 mondial de la pharmacie.


Les ministres de la Santé, pour leur part, rejettent le principe d’un financement accru par les assureurs privés qui, en moyenne aujourd’hui, n’excèdent guère 6,4 % des dépenses totales de santé dans l’OCDE. La raison ? « Il semble difficile d’instaurer et de maintenir des conditions de concurrence tout en respectant l’obligation de couvrir toute la population », expliquent-ils.


Quant à mettre plus à contribution le patient, les ministres de la Santé des pays de l’OCDE estiment peu probable que cette participation aux frais se traduise par des économies importantes ; d’autant que, pour éviter toute restriction d’accès aux soins, l’exonération des populations vulnérables est inéluctable. Faire participer le patient au financement contribuerait toutefois à sa responsabilisation, selon les ministres de la Santé. Avis partagé par Jean-Pierre Garnier qui estime nécessaire de « consacrer aux soins une petite partie de ses revenus pour prendre conscience des coûts »


Cette contribution ne saurait toutefois passer par des déremboursements massifs. Selon John Utton, ministre britannique de la Santé « la solution ne réside pas en une baisse de remboursement, mais plutôt dans une meilleure accessibilité à des soins de plus grande qualité ». S’appuyant sur l’exemple de son pays, le ministre considère que la Grande-Bretagne, où le système est dual, illustre bien cette idée puisque « chacun peut accéder à des soins privés et publics, d’égale qualité ».


DES PISTES : INFORMATISATION, PREVENTION…


Parmi les pistes à explorer l’organisation accorde en revanche une place de premier choix au partage de l’information. Ce partage a comme préalable obligatoire l’informatisation du dossier médical. Le développement des dossiers informatiques a néanmoins un coût important et nécessite des investissements lourds pour garantir au mieux sécurité et confidentialité. En Grande-Bretagne, le National Health Service (NHS) a ainsi dépensé plusieurs milliards de livres et le Canada a investi 1,1 milliard de dollars canadiens dans Inforoute Santé.


Autre piste : la prévention. Axés sur la guérison, les systèmes de santé négligent encore trop souvent les possibilités de prévenir les maladies. Des mesures préventives, telles que les campagnes de sensibilisation sur le tabagisme, ont néanmoins permis d’améliorer la santé de la population. L’apparition de nouvelles menaces, telle l’obésité, font toutefois planer le risque de voir émerger de nouvelles maladies chroniques. Selon Françoise Forette, vice-présidente de l’association Alliance for Health and the Future, « l’enjeu des années à venir consistera à promouvoir ces politiques de prévention car sans une population en bonne santé, il ne saurait y avoir de croissance économique élevée »


Les ministres de la Santé des pays membres de l’OCDE se déclarent également favorables à l’application « des systèmes de prix du médicament ou d’autres politiques qui encouragent à choisir, parmi des médicaments analogues, le plus efficace par rapport à son coût ». En clair, ils prônent le développement des médicaments génériques pour pouvoir « favoriser une innovation véritable dans le secteur pharmaceutique ». Une innovation que les industriels jugent impossible sans une juste rétribution. Ce qui leur apparaît, à l’image d’Henry McKinnel, président de Pfizer, d’autant plus normal que « l’innovation améliore la qualité et réduit les coûts ».


Autant de recettes qui ne manqueront pas d’inspirer les différents acteurs consultés par Philippe Douste-Blazy dans le cadre de la réforme du système de santé. Car l’important n’est pas tant de beaucoup dépenser que de bien dépenser.


Source : www.pharmaceutiques.com



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