Robots pour s’occuper des seniors au Japon : une solution ?

un robot avec une personne âgée au japon

Le Japon est confronté à une réalité démographique unique : plus de 28 % de sa population est âgée de 65 ans et plus, une proportion qui devrait atteindre 38,4 % d’ici 2065. Face à un manque de main-d’œuvre croissant, avec une pénurie prévue de 11 millions de travailleurs d’ici 2040, le pays mise sur la robotique pour pallier le manque de personnel dans des secteurs critiques, notamment les soins aux personnes âgées.

Le marché japonais des robots de service connaît une croissance exponentielle et devrait tripler d’ici 2030 pour atteindre plus de 400 milliards de yens (2,7 milliards de dollars) d’après cette étude. Cette expansion s’inscrit dans une dynamique mondiale où la demande en robots de service augmente face à la pénurie de main-d’œuvre et à la hausse des coûts salariaux.

Des robots au service des seniors : entre promesses et réalité

Les robots destinés aux soins des seniors couvrent un large éventail de fonctions :

  • Aide à la mobilité et au levage : des dispositifs comme « Hug » facilitent le transfert des résidents des chaises aux lits ou aux toilettes, réduisant les risques de blessures pour le personnel soignant.
  • Compagnonnage et stimulation cognitive : des robots comme « Paro », un phoque en peluche interactif, sont conçus pour apaiser les patients atteints de démence et améliorer leur bien-être.
  • Surveillance et assistance : des capteurs et des robots connectés surveillent les paramètres vitaux et alertent les soignants en cas de chute ou de comportement anormal.

Cependant, si ces innovations sont encouragées par le gouvernement japonais à travers des subventions, leur adoption reste limitée. Une étude de 2019 révèle que seulement 10 % des établissements de soins aux personnes âgées avaient intégré un robot. En 2021, parmi 444 aidants à domicile interrogés, seulement 2 % avaient une expérience avec un robot d’assistance.

Les limites des robots dans le soin aux seniors

Malgré des progrès technologiques, plusieurs obstacles freinent l’intégration massive des robots dans les soins aux seniors :

  • Problèmes d’acceptation et d’utilisation : si la culture populaire japonaise favorise une perception positive des robots, leur intégration effective dans la vie quotidienne est bien plus complexe. Beaucoup de robots achetés par les établissements finissent par être sous-utilisés ou abandonnés.
  • Fiabilité et maintenance : les robots doivent être entretenus, mis à jour et surveillés, ce qui alourdit la charge de travail des soignants plutôt que de la réduire.
  • Interactions humaines dégradées : l’automatisation de certaines tâches peut diminuer le temps consacré à des interactions humaines de qualité entre les soignants et les résidents.
  • Coût élevé : bien que les subventions gouvernementales encouragent l’adoption des robots, leur prix reste prohibitif pour de nombreux établissements de soins.

Une adoption en progression, mais un modèle à perfectionner

Le Japon demeure le leader mondial des robots de service, devant la Chine et l’Allemagne. Toutefois, la promesse d’une automatisation massive dans les soins aux seniors reste encore à concrétiser. Les succès observés dans l’hôtellerie et la restauration, où des robots comme ceux de Skylark Holdings ont permis une réduction significative des coûts de main-d’œuvre, ne se transposent pas encore pleinement au secteur des soins.

L’avenir des robots dans la prise en charge des seniors repose sur une meilleure intégration technologique et sociale. Une approche hybride combinant présence humaine et automatisation ciblée semble être la voie la plus réaliste pour garantir un accompagnement efficace et respectueux des besoins des personnes âgées.

Newsletter AgeEconomie