L’Intelligence Artificielle au Service du Maintien à Domicile

Intelligence Artificielle au Service du Maintien à Domicile

Face au vieillissement de la population et à la hausse des besoins en accompagnement des personnes en perte d’autonomie, l’intelligence artificielle (IA) se présente comme une solution innovante.

Le livre blanc publié par le fonds de dotation ABILITIS, en collaboration avec la mutuelle Intégrance, le Groupe APICIL et CORELIA, explore les perspectives et les enjeux de l’IA pour le maintien à domicile.

Une Population Consciente du Défi de l’Autonomie

Selon une étude menée par Viavoice en novembre 2024, 63 % des Français se sentent concernés par la perte d’autonomie, que ce soit pour eux-mêmes ou pour leurs proches. Près de 65 % préféreraient rester à domicile en cas de perte d’autonomie, tandis que 30 % ont déjà un proche bénéficiant de services à domicile.

Cependant, le manque de personnel qualifié et les limites des services actuels suscitent des inquiétudes, notamment en matière de solitude et de qualité d’accompagnement.

L’IA : Un Outil d’Amélioration des Services à la Personne

L’IA pourrait transformer le secteur du maintien à domicile en automatisant certaines tâches administratives et de suivi médical, permettant ainsi aux professionnels de se concentrer sur l’interaction humaine. Parmi les usages les plus plébiscités par les Français :

  • Surveillance des chutes : 87 % sont favorables à des dispositifs détectant automatiquement les chutes.
  • Outils de mesure connectés : 76 % soutiennent l’utilisation de capteurs pour surveiller des indicateurs de santé (tension, poids…).
  • Médecine prédictive : L’IA pourrait analyser les données de santé afin d’anticiper les risques et personnaliser les soins.

Les Réserves et Enjeux de l’IA dans l’Accompagnement des Seniors

Si l’IA offre des perspectives prometteuses, elle suscite aussi des réticences. Environ 57 % des Français craignent que l’automatisation ne diminue les interactions humaines et 79 % s’inquiètent de la confidentialité des données personnelles. Le manque d’information accentue ces craintes, seulement 14 % des sondés se sentant bien informés sur les enjeux éthiques de l’IA.

Isabelle Hartvig, experte engagée auprès des personnes âgées, rappelle que l’IA ne doit pas être un substitut mais un complément à l’humain : « Aujourd’hui, la France compte 6 accompagnants pour 10 personnes âgées, contre 12 pour 10 en Scandinavie. L’IA peut aider, mais ne remplacera jamais le lien social. »

Les Propositions du Fonds de Dotation ABILITIS

Pour assurer un déploiement éthique et efficace de l’IA, ABILITIS formule six recommandations majeures :

  1. Intégrer la perte d’autonomie dans la stratégie nationale pour l’IA, avec un fonds public pour financer les initiatives.
  2. Renforcer la sensibilisation et la formation, notamment via des campagnes nationales et des modules intégrés dans les formations médico-sociales.
  3. Encadrer l’usage éthique de l’IA, en garantissant la protection des données et le respect des droits des usagers.
  4. Lutter contre la fracture numérique, en facilitant l’accès à Internet et en proposant un accompagnement personnalisé.
  5. Favoriser l’innovation et l’expérimentation, via des plateformes régionales pour tester les solutions d’IA.
  6. Développer des solutions hybrides, alliant IA et accompagnement humain pour éviter l’isolement social.

Conclusion : Une IA au Service des Plus Vulnérables

Si l’IA représente une opportunité pour le maintien à domicile, elle ne doit pas se faire au détriment du lien humain. Le défi est d’en faire un levier d’amélioration sans créer de nouvelles fractures sociales. Comme le souligne Jamal Mekhaemar, Directeur technique de CORELIA : « Nous devons travailler à renforcer l’acceptabilité de ces solutions, pas les imposer aux professionnels et aux Français. »

L’IA peut ainsi devenir un allié précieux pour anticiper les besoins, optimiser les services et améliorer la qualité de vie des personnes en perte d’autonomie, à condition qu’elle soit développée avec éthique et discernement.

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