Écarts mondiaux entre l’espérance de vie et la santé dans 183 États

Écarts mondiaux entre l'espérance de vie et la santé dans 183 États

L’étude menée par Garmany et Terzic (2024), publiée dans JAMA Network Open , analyse l’écart croissant entre l’espérance de vie et l’espérance de vie en bonne santé dans 183 pays, membres de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Cette recherche met en lumière une problématique essentielle pour les professionnels de la santé, en particulier ceux travaillant dans le domaine du vieillissement : une longévité accumulée ne signifie pas nécessairement une vie en bonne santé.

Résultats clés

L’étude révèle que, sur une période de 20 ans, l’espérance de vie mondiale a augmenté de 6,5 ans, tandis que l’espérance de vie souffre en fonction de la santé (c’est-à-dire les années vécues en bonne santé) n’a augmenté que de 5,4 ans. L’écart entre ces deux indicateurs a donc augmenté de 13 % pour atteindre 9,6 ans en 2019. En d’autres termes, bien que les populations vivent plus longtemps, elles passent de plus en plus d’années en mauvaise santé.

Disparités entre les sexes

L’étude a également observé des différences significatives entre les sexes. Les femmes présentent un écart moyen de 2,4 ans de plus que les hommes entre l’espérance de vie et l’espérance de vie en bonne santé. Cette disparité est particulièrement marquée dans les pays développés, où les femmes souffrent d’une charge plus lourde de maladies non transmissibles telles que les maladies musculo-squelettiques et les troubles mentaux.

L’impact sur les systèmes de santé

Les résultats de cette étude soulignent un défi majeur pour les systèmes de santé mondiaux. L’écart entre l’espérance de vie et l’espérance de vie en bonne santé est principalement dû à l’augmentation de la charge des maladies chroniques, notamment les maladies non transmissibles. Aux États-Unis, par exemple, cet écart est le plus élevé du monde, atteignant 12,4 ans, et est associé à une augmentation des maladies chroniques telles que les maladies cardiovasculaires et le diabète.

PaysÉcart entre l’espérance de vie et l’espérance de vie en bonne santé (ans)
États-Unis12.4
Australie12.1
Nouvelle-Zélande11.8
Royaume-Uni11.3
Norvège11.2
Lesotho6.5
République centrafricaine6.7
Somalie6.8
Kiribati6.8
Micronésie7.0

Les professionnels du secteur doivent prendre conscience de cette réalité et adapter leurs stratégies de prévention et de traitement. Les approches axées sur la gestion des maladies chroniques et l’amélioration de la qualité de vie des personnes âgées deviennent cruciales.

Recommandations pour les professionnels

  1. Prévention primaire et curative : L’écart entre l’espérance de vie et l’espérance de vie en bonne santé souligne la nécessité d’investir davantage dans des stratégies de prévention primaire, en particulier pour les maladies non transmissibles. Les professionnels doivent promouvoir des modes de vie sains, y compris une alimentation équilibrée, de l’exercice physique et des examens réguliers.
  2. Médecine proactive : Les soins de santé ne doivent plus se limiter à traiter les maladies une fois qu’elles se manifestent. Une approche proactive centrale sur le bien-être global, y compris la gestion du stress, le soutien psychologique et l’amélioration de la qualité de vie, est essentielle.
  3. Inégalités entre les sexes : L’écart entre les sexes, particulièrement dans les pays développés, exige des interventions ciblées pour réduire la charge des maladies affectant plus spécifiquement les femmes, comme les maladies musculo-squelettiques et les troubles mentaux.
  4. Collecte et utilisation des données : L’utilisation de données fiables sur l’espérance de vie et l’espérance de vie en bonne santé est fondamentale pour mieux comprendre les besoins de santé de chaque population et ajuster les interventions en fonction des spécificités locales.

Conclusion

Les résultats de cette étude mettent en évidence un défi majeur pour la santé publique : si l’allongement de la vie est une réussite sociale, cette longévité s’accompagne d’une augmentation du nombre d’années vécues avec des maladies chroniques. Cela nécessite des efforts considérables pour réduire cet écart et promouvoir une vieillesse en bonne santé. Les professionnels de la santé ont un rôle clé à jouer dans cette transformation en adaptant leurs pratiques pour répondre à cette nouvelle réalité démographique.

Photo créée par Freepik

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