Ehpad : Un modèle à bout de souffle, réformes urgentes

Image d'un ensemble immobilier dont un ehpad

Les Ehpad sont en crise. Le scandale Orpea, le manque de moyens, et la défiance du public ont révélé un système à bout de souffle. Alors que la population des 75-85 ans va exploser dans la décennie 2020-2030, les Ehpad tirent la sonnette d’alarme. « On est sous perfusion. » Les deux tiers des établissements sont en déficit, étouffés par l’inflation et la hausse des charges. Les acteurs du secteur, des soignants aux gestionnaires, se demandent s’il est encore possible de sauver ce modèle.

Le constat est clair : le système de financement est obsolète. Conçu au début des années 2000, il repose sur trois piliers : les résidents, les départements, et les Agences régionales de santé. Mais ce modèle, jugé trop complexe, s’est effondré avec la crise du Covid-19 et le scandale Orpea. Les investisseurs privés hésitent, les familles se méfient, et les structures publiques voient leurs finances sombrer. En 2022, 60,3% des établissements étaient en déficit, un chiffre en hausse par rapport à 2021. En Occitanie, la situation est encore plus alarmante : 89% des Ehpad publics sont en déficit.

En 2022, 60,3% des établissements étaient en déficit

Et les défis ne s’arrêtent pas là. Canicules à répétition, normes de sécurité strictes, et un nombre croissant de résidents souffrant de troubles neurologiques : les investissements à réaliser sont colossaux, mais les moyens manquent cruellement. Malgré des enveloppes supplémentaires débloquées par l’État, les besoins restent largement insatisfaits.

Face à ce « mur démographique », où 15% de la population aura plus de 75 ans d’ici 2040, les responsables du secteur appellent à l’action. La loi grand âge, promise depuis 2018, est devenue une urgence. « L’inaction n’est plus une option », déclare Arnaud Robinet, président de la Fédération Hospitalière de France.

Laurent Guillot, directeur général d’Emeis (ex-Orpea), tire lui aussi la sonnette d’alarme : « Le secteur est dans une triple crise – financière, humaine, et d’investissement. » Il insiste sur le besoin de repenser le modèle économique des Ehpad. L’inflation a aggravé les problèmes, et le métier de soignant, peu attractif, connaît une pénurie inquiétante. D’ici quelques années, 120 000 infirmières seront nécessaires. « Il va falloir investir« , prévient Guillot, mais aussi réorganiser les ressources, repenser le financement des établissements, et poser des questions qui dérangent : que faire des ressources des personnes âgées, comme l’immobilier ? Comment mobiliser ces fonds pour assurer la pérennité du système ?

Le temps presse, et les acteurs du secteur s’accordent sur un point : il est urgent de réformer un modèle qui ne répond plus aux besoins des seniors ni aux attentes des familles.

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