France Stratégie montre que les salaires augmentent bien avec l’âge. Cependant, sur une carrière, cette hausse est plus forte pour les hommes que pour les femmes, pour les diplômés que pour les non-diplômés.
D’une génération à l’autre, les salaires progressent aussi mais la situation relative des hommes diplômés se dégradent par rapport aux non-diplômés : tout se passe comme si la forte hausse du nombre de diplômés avait été plus rapide et plus forte que les gains de productivité enregistrés dans l’économie. Surtout, si le marché du travail devait intégrer sans effort de requalification ou de formation supplémentaire l’ensemble des seniors aujourd’hui hors de l’emploi, leurs salaires baisseraient à partir de 57 ans.
On admet en général que les rémunérations augmentent avec l’âge. Pour confirmer cette idée, France Stratégie a mené une étude économétrique à partir des enquêtes Emploi de l’Insee. La note analyse l’évolution des salaires nets de 1990 à 2014 des personnes à temps complet nées entre 1935 et 1974, réparties en huit générations quinquennales.
Il ressort que les salaires réels, c’est-à-dire corrigés de l’inflation, augmentent bien avec l’âge. Sur l’ensemble d’une carrière, la hausse est de 1 000 euros environ. À 25 ans, la rémunération s’établit en moyenne à 1350 €, elle progresse rapidement au cours des dix à quinze premières années et stagne ensuite au-dessus de 2 000 euros. Elle augmente de nouveau sur les dix dernières années pour culminer aux alentours de 2 300 €.
Le salaire réel progresse également d’une génération sur l‘autre. En milieu de carrière, le salaire des enfants est 10 % plus élevé que celui de leurs parents au même moment. Toutefois, depuis la crise de 2008-2009, les débuts de carrière apparaissent moins favorables, avec des salaires initiaux moins élevés que ceux des générations précédentes, notamment pour les hommes diplômés.
L’augmentation des salaires avec l’âge se confirme lorsqu’on regarde le salaire relatif, c’est-à-dire le rapport entre le salaire des individus et le salaire moyen dans l’ensemble de l’économie. De génération en génération, les évolutions tout au long de la carrière se ressemblent. En début de carrière, le salaire vaut 70 % du salaire moyen ; à 30 ans, il égalise le salaire moyen ; à 40 ans, il le dépasse de 10 % ; ce n’est que vingt ans plus tard qu’il le dépasse de 20 %. La progression des salaires reprend un rythme plus soutenu entre 55 et 60 ans. En moyenne, les rémunérations augmentent de 70 % au cours de la vie professionnelle.
Si les salaires augmentent avec l’âge et au fil des générations, il existe de fortes variations selon le sexe et le niveau d’éducation. En effet, les salaires des hommes augmentent beaucoup plus que ceux des femmes. En fin de carrière, une femme gagne en moyenne 110 % du salaire moyen, contre 130 % pour un homme.
Lorsqu’on regarde par niveau de diplôme, il apparaît que les écarts de rémunération entre les hommes diplômés et les peu diplômés sont en moyenne de 100 à 200 euros en début de carrière et atteignent 1 000 € à 50 ans. En fin de carrière, les trajectoires sont plus diverses, les salaires baissent dès 55 ans pour les hommes les moins diplômés.
D’une génération à l’autre, l’élévation du niveau d’éducation a entraîné un certain déclassement du diplôme sur le marché du travail. Aussi, relativement au salaire moyen, chaque nouvelle génération de diplômés apparaît moins bien lotie que la précédente et mieux lotie que la suivante. En revanche, la rémunération des peu qualifiés reste stable d’une génération à l’autre, ce qui s’explique en partie par l’existence du SMIC qui aurait protégé les moins qualifiés d’une dégradation de leur situation relative par rapport au salarié moyen. Au final, il y a donc un resserrement relatif entre niveau de salaire des diplômés et des non-diplômés.
En ce qui concerne les seniors, leur taux d’emploi en France est faible et chute fortement à partir de 50 ans. Aussi, les personnes qui restent en emploi après 50 ans sont souvent celles qui ont le plus d’atouts à faire valoir sur le marché du travail. France Stratégie montre que si les seniors hors de l’emploi devait être intégrés aujourd’hui au marché du travail, sans effort de requalification ou de formation supplémentaire, leur rémunération baisserait à partir de 57 ans, voire dès 54 ans pour les moins qualifiés.
Au-delà des questions d’acceptabilité sociale, ce résultat plaide pour un effort de formation tout au long de la vie et en particulier autour de la cinquantaine si l’on souhaite accroître le taux d’emploi des seniors sans que cela s’accompagne d’une baisse de salaire pour eux.