Avec le vieillissement de la population, les services à la personne devraient connaître une croissance importante et soutenue durant les prochaines années, à court et moyen termes.
Cependant, les acteurs des services à la personne doivent faire face à de nombreux challenges pour les prochaines années.
Nous avons demandé à plusieurs dirigeants de donner leur avis quant aux principaux enjeux de ce secteur.
Voici leurs réponses :
Guillaume Richard, PDG du Groupe Oui Care
Le principal enjeu des services à la personne sur le secteur du grand âge pour les prochaines années est que chaque personne âgée puisse bénéficier d’une offre la plus adaptée et personnalisée possible au meilleur prix.
Cela passe par la libéralisation du secteur, au contraire de ce que permet aujourd’hui une lecture et une application détournée de la Loi ASV.
Il me semble fondamental de rétablir un droit d’établissement et d’exercice uniquement basé sur la qualité des prestations et pas sur des critères subjectifs permettant toutes les dérives auxquelles nous assistons actuellement avec des départements qui, pour protéger des « copains », refusent tout nouvel acteur au motif qu’il y en a déjà suffisamment sur le territoire !
Seule une saine concurrence peut pousser les acteurs à fournir la meilleure prestation au meilleur prix.
Le malthusianisme et les autorisations d’exercer basées sur du clientélisme n’ont jamais permis d’offrir le meilleur service au meilleur prix. Or, c’est ce que nous voulons pour nos parents âgés. Et pas qu’ils soient pris en charge par une organisme dont la seule qualité est d’être proche d’un décideur local qui le protège d’une concurrence qui le ferait disparaître si elle venait à s’exercer.
Il me semble donc indispensable de modifier cet aspect de la Loi ASV qui autorise ce type de dérives et va à l’encontre de l’intérêt des aînés et de ceux qui financent ces prestations, c’est à dire nous tous, les contribuables.
Rémi PIRON Gérant Latitude Services
– il faut asseoir un modèle économique (tarif APA, et PCH différents selon les départements), le reste à charge pour le bénéficiaire ou la famille peut-être important ce qui peut engendrer des accompagnements ou des prises en charge différents selon les ressources et non selon les besoins de la personne, concernant la PCH prestation de compensation de l’handicap il faut revoir complétement son financement (exemple de tarif en Corrèze : 18.70€ TTC/H alors que nous avons besoin de personnel compétent, et qualifié dans les différents handicaps rencontrés ) et les prises en charges de son accompagnement
– Le nombre d’acteurs intervenant dans ces métiers et auprès d’un public âgée et voir dépendant devient important, voir trop nombreux en ville et plus ou pas en secteur rural (problème pour financer les frais de déplacements)
– Soutien encore trop important des pouvoirs publics aux associations pouvant créer une concurrence déloyale avec un marché structuré et privé
-Professionnaliser nos métiers et monter en compétence, pour cela il faudrait avoir plus de possibilité et de financement pour former les professionnels intervenants déjà en poste (cotisation, financement OPCA et autres financements), et améliorer toutes les formations qualifiantes existantes à ce jour en reprenant les contenus et les recrutements à l’entrée de ces formations (écoles, travailleur en recherche d’emploi)
– Intégrer d’avantage dans la prise en charge de la personne âgée dans sa dépendance ou avant , l’équipement technique, domotique, connectique aidant sa prise en charge permettant de soulager l’intervenant professionnel ou l’aidant familial
-Mieux former et accompagner l’aidant familial (épuisement de celui-ci !) : avoir un programme national, toute personne rentrant dans la dépendance l’aidant ou les aidants familiaux proches doivent passer par cette accompagnement et formation pour bénéficier des aides attribuées par les pouvoirs publics.
-Les pouvoirs publics doivent mieux définir les plans d’aide des personnes bénéficiaires et avoir un meilleure contrôle des heures effectives et réalisées comme défini dans ce plan d’aide (télégestion, plateforme d’échanges de s données, contrôle des facturations et des paiements,…)
Pour moi, l’appui de l’emploi des seniors au milieu du travail (+ 45 ans) est important dans nos métiers, car nous retrouvons plus dans ce public nos besoins en valeurs et en compétences , à soir le savoir-faire et savoir-être mais également le sens de l’initiative, de l’autonomie et de l’adaptabilité. Ce public a un côté rassurant pour les personnes âgées et dépendantes. Ce public senior il faut pouvoir le valoriser et capitaliser sur ces compétences en permettant la transmission avec du tutorat, ou mentorat, et en lui mettant un encadrement adapté et à l’écoute souvent plus jeune, permettant une intergénération dans la structure.
Ces métiers sont des métiers difficiles physiquement et mentalement, pas assez reconnu encore et pas assez valorisés financièrement (revenu assez faible). Je pense que le travail à temps partiel est idéal pour nos métiers , mais difficile pour les salariés qui ont besoin d’un revenu conséquent pour répondre à leurs besoins et plaisir, il faut donc trouver un public compétent ou en capacité de monter en compétence (arriver des aides techniques, de la connectique,..), prêt à travailler en temps partiel environ 25h/semaine, disponible les soirs jusqu’à 20h et les week-ends, valoriser le tarif horaire et pouvoir mieux indemniser les déplacement.
Andréa Chilma Chargée des relations médias Adhap Services
Avec l’arrivée aux âges élevés de la génération du baby-boom et l’allongement de la durée de vie, les demandes seront de plus en plus nombreuses et sûrement plus complexes à prendre en charge avec par exemple les maladies neuro-dégénératives (Parkinson, Alzheimer, Sclérose en plaques…).
Il faudra gagner en attractivité et susciter des vocations auprès des nouvelles générations. Nous misons beaucoup sur les formations de l’Institut Adhap et nous proposons à nos équipes de véritables opportunités d’évolution notamment à notre personnel administratif qui peut évoluer vers des fonctions managériales.
Dans un contexte démographique en pleine mutation, nous devrons également nous adapter aux bénéficiaires de demain en intégrant les nouvelles technologies à nos services