Le vieillissement démographique fait craindre que les jeunes générations qui entrent aujourd’hui sur le marché du travail, mais trouvent avec difficulté un emploi, soient également pénalisées au moment de la retraite en percevant des pensions moindres que leurs parents ou grands-parents. Ces jeunes générations seraient-elles « sacrifiées », la protection sociale défavorisant les jeunes au bénéfice des plus âgés ? Les comptes de transferts nationaux présentés ici par Hippolyte d’Albis et ses collègues permettent de mesurer les transferts économiques entre les âges et les générations et de suivre leurs évolutions dans le temps.
Source : Population & Sociétés n° 529, janvier 2016, intitulé « À quels âges les revenus excèdent-ils la consommation ? 30 ans d’évolution en France ». Auteur-e-s : Hippolyte d’Albis, Carole Bonnet, Julien Navaux, Jacques Pelletan, François-Charles Wolff
Aux âges actifs, les individus produisent en général davantage qu’ils ne consomment. L’inverse s’observe pendant la jeunesse et la retraite, la consommation étant alors financée par une redistribution des ressources entre les âges. Entre 1979 et 2011, la période de la vie durant laquelle les revenus du travail sont supérieurs à la consommation s’est raccourcie, et, combinée à l’allongement de la vie, le nombre d’années de « déficit », où la consommation dépasse les revenus du travail, s’est à l’inverse allongée, passant de 37 ans en 1979 à 49 ans en 2011. Les profils de consommation se sont déformés au profit des plus âgés qui consomment désormais davantage en termes relatifs que les plus jeunes.
En 2011, la consommation totale moyenne est multipliée par deux entre les âges de 0 et 16 ans (figure 1), atteignant 23 000 euros à 16 ans. Elle baisse ensuite légèrement pour se stabiliser entre 25 et 45 ans, puis croît à nouveau après 50 ans et reste relativement stable à partir de 70 ans.
L’évolution de la consommation totale recouvre celles de la consommation privée et publique par âge qui se compensent (figure 2). La consommation privée croît fortement entre 0 et 33 ans, puis elle fléchit légèrement jusqu’à l’âge de 45 ans, avant de remonter pour atteindre un second pic à 64 ans. Elle diminue régulièrement par la suite. Le profil de la consommation publique est également rès variable selon l’âge, elle est beaucoup plus élevée en début de cycle de vie (en raison notamment des dépenses d’éducation) et après 65 ans du fait d’un accroissement des dépenses de santé et de dépendance.
Les revenus totaux du travail, nuls avant 16 ans, augmentent ensuite rapidement jusqu’à 35 ans. La croissance du revenu est ensuite plus lente pour atteindre en moyenne 42 000 euros à 46 ans (figure 1). Ils diminuent ensuite légèrement jusqu’à 55 ans puis chutent rapidement par la suite. De multiples facteurs influencent le profil des revenus du travail par âge (taux d’emploi, temps de travail, salaire horaire par âge, et plus généralement l’ensemble des facteurs institutionnels, sociaux et culturels qui viennent influencer le fonctionnement du marché du travail).